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Avaler des Merveilles.

En ce début septembre, il est temps de faire le point sur l’activité physique produite durant tout cet été et, si nécessaire, pratiquer quelques randonnées en montagne pour mettre ses actes en conformité avec les volontés affichées au début de l’été. Ainsi en 2003, nous tentâmes, non loin, en un week-end de combler notre déficit, le souvenir que j’en garde, outre des genoux définitivement cagneux, est pour le moins mitigé.

Délivrance revisité.

Délivrance. Le grand classique de John Bourremann

L’accroche transpirait l’arnaque, l’expérience serait initiatique, nous allions communier avec Mère Nature. D’entrée j’aurais dû me méfier, moi la nature c’est parfait à domicile sur Arte ou bien si elle se manifeste au fond de mon verre, mais devoir aller à l’extérieur pour la rencontrer, en altitude après plusieurs heures de marche, non merci. Les trois escrocs m’avaient vendu l’affaire à peu près en ces termes : « Et au sommet t’apparaitra, au milieu d’une clairière à l’ovale parfait, un lac aux eaux pures dont, de l’onde cristalline, des naïades aux cheveux d’or sortiront pour entamer avec toi au crépuscule un ballet païen et torride qui te transfigurera, exacerbant paroxistiquement ta viscérale animalité brutale et sauvage ». Autre passage du prêche, un truc du genre « tu trouveras en toi, au-delà de la douleur, un état de semi-conscience qui te rapprochera de l’absolue connaissance de ton toi profond ». Cette simple remémoration me stresse encore le fondement.

Mark Angéli

Mark Angéli. Rosé d’un Jour 2001

Le premier et avant-dernier jour fut consacré à la Vallée des Merveilles et à ces vestiges témoins du désarroi d’une jeunesse oisive en mal d’identité revendiquant à grands coups de silex le droit à exister, contestant cette société de consommation où il n’était question que de posséder toujours plus. L’un de mes compagnons fit remarquer, constatant l’absence de tout vestige de structure sociale d’accueil, qu’il était normal que la délinquance se soit développée dans ce désert culturel et aboutisse à ce chaos. De cette période trouble, datant de 3000 ans avant J.-C., ne perdurent que ces milliers de graffitis, obsession des autorités locales qui ont le plus grand mal à les faire disparaître. Seul souvenir digne me restant de cette journée, ce petit en-cas diététique au refuge, terrines de pâté, rillettes, saucisson, Rosé d’un jour 2001 de Mark Angeli en apéro, le blanc d’Hervé Souhaut 2000 pour maintenir la bouche fraiche et Briand 99 de Gérald Oustric en dessert.

Hervé Souhaut

Hervé Souhaut. Blanc 2000, qui devait être un de ses tous premiers millésimes.

Tout ceci sous le regard ahuri d’une bande de randonneurs patentés venus nous narguer avec leurs barres protéinées, qui, malgré l’immensité du site, étaient venus se coller à nous, le couple immédiatement à notre contact nous lançant des SOS désespérés du regard, nous suppliant de déverser par mégarde dans leurs gobelets plastique quelques gouttes de notre breuvage en lieu et place de cet horrible liquide inodore et sans saveur qui occupait tout l’espace de leurs gourdes, guettant, tels deux piafs affamés, le morceau de pain que nous abandonnerions chargé de sa strate de rillettes. Pour le reste, une vraie torture, marche forcée sous un soleil harassant, les tympans anesthésiés en permanence par un laïus insipide sur la beauté environnante, la qualité de l’air et les bienfaits de la randonnée en altitude. Harassé, détruit, je peinai lamentablement à marcher, mes vieilles articulations me faisant atrocement souffrir. J’invoquai Saint-Roch, patron des pèlerins, Saint-Jacques, des randonneurs, et Saint-Nicolas, des marchands de vins, tant mon martyr était grand, les implorant de me venir en aide. Seul ce dernier entendit mon appel, m’envoyant un signe chargé d’amour, j’aurais dû me douter que les deux autres ne feraient rien pour me sauver, étant vaguement croyant et pratiquant uniquement sur le trajet qui mène de la tonnelle à la cave. Alors que je m’apprêtais à entamer ma dernière ascension de la journée qui me jetterait totalement fourbu sur mon grabat, un pied en enfer, du fond de mon sac à dos, un doux bruit vint m’insuffler une grande bouffée d’espoir pour un retour à la vie. Tout au long de mon calvaire j’avais la journée durant promener sans le savoir au fond de ma besace deux bouteilles de Gramenon, imitant en cela les expériences tentées de vieillissement accéléré des vins en fond de cale de bateau ou au fond des mers. Mon supplice aura-t-il au moins permis de faire évoluer la science ? N’aurais-je enduré ce chemin de croix, subi cette épreuve en vain ? J’opérais lentement un demi-tour, redescendais les quelques marches et rejoignais à table les trois aigrefins. Seule la perspective de deux bouteilles de Gramenon pouvait me ramener à la vie l’instant d’un repas. S’il n’y avait eu ces Sagesse et Sierra du Sud je serais allé me coucher sans boire. Cette première journée n’avait eu pour but que de me distendre les ligaments du genou gauche et ainsi permettre le début d’un épanchement de synovie que je mettrai des mois à résorber, m’obligeant à abandonner la pratique à très haut niveau du tennis de table et donc ma carrière prometteuse d’épongiste professionnel. Pas de réseau, pas d’avocat, mais je me promettais dès notre retour à la civilisation d’entamer à l’encontre du gourou et de ses deux prédicateurs une action en justice. Finis les coups de rouge, ce serait dans un avenir très proche une avalanche de petits bleus.

Gérald Oustric.

Gérald Oustric. Le Mazel 1999, cuvée Briand.

Ultime jour, l’ascension débuta par une très sévère côte au pourcentage ahurissant sous une pluie perfide et persistante qui coulait à l’intérieur de mon K-way, ruisselant le long de mon dos et des bras. Le souffle court aidé par une atmosphère saturée en humidité, j’ai grimpé durant des heures tout en me faisant toujours autant bassiner les oreilles par le discours de l’escroc en chef qui ne cessait de vanter l’incomparable spectacle qui nous attendait. Et quand enfin nous arrivâmes au sommet dans un dernier râle, ce fut pour découvrir un marigot à moustiques dans lequel nous aurions pu à peine patauger et d’entendre l’autre margoulin s’étonner à haute voix « Quel dommage car c’eut pu être très beau, surtout avec cette pluie délicate qui en irise la vision ». Depuis ce temps je prends bien soin de rester ami avec eux, mais ne manque pas une occasion de leur rendre, en sous-main, la vie plus difficile par de multiples mesquineries que je fais passer sur le compte de l’âge. Je collectionne à leur intention des flacons douteux, voire exécrables, que je ne manque pas d’ouvrir lors de petits repas que nous faisons entre “amis”, prenant un malin plaisir à les leur présenter de façon ostentatoire, leur rappelant aussi à quel point il est important pour moi de partager ces moments d’intense plaisir avec eux, eux mes vrais amis, eux grâce à qui j’ai découvert que l’ivresse décime. Ces bouteilles je les traque sans relâche, me renseignant sur les millésimes les plus pauvres des vignerons les plus incompétents, je fais les foires aux vins des grandes surfaces, repérant ici et là la pépite qui saura me rendre plus belle ma journée et ne pas regretter mon investissement. Il ne faut pas être ingrat avec les gens qui ont su vous procurer d’intenses émotions et je ne le serai pas, promis, juré, je ne le serai pas.

Texte extrait de 30 Nuances de Gros Rouge, aux Éditions de l’Épure.

En attendant le goût de l’eau.*

Nous le savons, inutile de nous le brailler, nous sommes de vraies larves, août ne nous est pas propice, de même que les mois précédents. Alors pour vous faire patienter voici le fruit de la collaboration entre Zoé Thouron et Laurent Cazottes.

Bulleversant

En attendant le goût de l’eau, testez celui de la bulle de cazottes.

A boire dans toutes les bonnes ivreries.

*Je rappelle que Glougueule étant un repaire d’intellectuels forcenés, derrière chaque titre d’apparence anodine, chaque jeu de mots subtil, peut toujours se cacher une référence culturelle qu’il serait bon que vous enregistrassiez, afin de briller un tant soit peu dans vos sinistres repas de famille de fin d’année en ville. Et là en l’occurrence nous avons emprunté à peu de frais à l’ami Samuel Beckett, qui n’en est toujours pas revenu devant tant de légèreté. Nous pensions à tort recevoir de sa part une missive à la limite du courroux de ne pas lui en avoir fait une demande préalable. Rien à ce jour, comme quoi !!!!

Amour toujours.

Avec l’âge cela ne s’arrange pas et demain sera pire, n’en doutons pas. Difficile après notre tournée d’inspection dans le Roussillon de reprendre un rythme s’apparentant à quelque chose qui se rapprocherait d’un battement de cils, d’un effort vague. Heureusement nous ne sommes pas encore séniles, nous avons su détourner Zoé de sa trajectoire fulgurante et la contraindre quelque peu afin de palier nos défections. Le bras tordu, elle nous a dessiné cette merveille, extrêmement drôle. Il est vrai que d’en être l’auteur m’éloigne peut-être d’une certaine objectivité. Dites-moi, je rectifierai.

Amour Toujours

Avant d’en arriver aux dernières quatre planches, un passage en bois quasi obligé.

La goutte de crème qui a fait déborder la baratte.

L’étau se resserre, trois moins une égale deux. Si nous étions plus sages nous apprendrions dès maintenant à aimer ce goût si particulier, à apprécier sous la langue cette texture proche du gypse en poudre additionné de son volume en eau ou se délecter de cette palette de saveurs insipides et nous l’enseignerions à nos enfants afin de préparer les générations futures à oublier notre appétence naturelle pour les produits vrais. A quelques dizaines de centimètres près, souvent nous n’arrivons pas à en déceler la provenance. En est-ce vraiment ? Ou n’en sont-ce que les appâts rances ? Plus que deux fromageries productrices indépendantes de Camembert d’Appellation d’Origine Contrôlée. Dernière à sombrer dans le gouffre abyssal de la constellation Lactalis, Graindorge vient de rejoindre le cortège de celles qu’il va nous falloir rayer de nos listes de courses. Elle sera sans nul doute la perle que l’on expose dans la vitrine, celle qui permettra de continuer à vous faire avaler ces quelques 250000 rondelles blanchâtres quotidiennement produites, la caution indispensable en ces temps où les multinationales se refont des virginités à peu de frais.

Fromagerie Gillot

Fromagerie Gillot

Alors les Amis, là pour le coup c’est terminé. Jusqu’ici je m’étais obturé le clapoir, j’avais toléré sans rechigner le lait pasteurisé, la crème allégée, le beurre anti-cholestérol, le yaourt au biomachin rétro-actif, bon il est vrai que l’exercice était aisé, j’en mange pas. Pas par principe, non tout simplement tout petit j’ai été vacciné contre tous ces immondices. Marcelle, ma petite grand-mère chérie, la tête appuyée contre le flanc de la vache, dirigeant le jet d’une main experte, me faisait boire le lait au pis de la vache et je rapportais en courant à la maison dans ma petite timbale en alu cabossée ce lait entier qui serait mon petit-déjeuner du lendemain. Dans mon assiette une demi-louche d’une crème jaune et épaisse qu’elle saupoudrait d’un nuage de sucre pour m’en faire un dessert. Avec elle, debout sur un seau renversé, j’ai tourné à en perdre haleine les bras de l’écrémeuse et de la baratte. Mes papilles noyées dans le crémeux du beurre ont appris à se laisser apprivoiser par les grains de sel qui venaient exploser en bouche. Et quand il était question de fromage, ce ne pouvait être que du Camembert de la fromagerie Bourdon, produit à Barbery petit village proche, toujours fait à cœur à la croûte légèrement orangée, s’échappant dès qu’on l’avait entamé.

Fromagerie Mercier

Fromagerie Mercier

Tout ceci me rend triste et je crains que cette récente acquisition ne soit une fois de plus pour moi comme un signe, un encouragement à boire un peu plus. Ah! P… de M…! Mais ça c’est interdit, je ne devrais pas l’écrire, ce serait comme qui dirait une forme d’incitation à  l’excès. Boire quelques gorgées d’un pétillant naturel, d’une jolie bulle, c’est interdit car c’est de l’alcool et donc destructeur de vie, mais ingérer une parcelle d’un morceau de plâtre à base de lait pasteurisé réensemencé avec des ferments d’affinage, ça c’est bon. C’est ça? Ou j’aurais mal compris? Heureusement face à la malbouffe nous, citoyens, sommes protégés par nos élus vigilants et l’ensemble des organismes chargés de lutter contre ces dérives. Et si par le plus grand des hasards nous ne l’étions pas, peut-être serait-il judicieux que le consommateur prenne le pas sur le citoyen. Un véritable parti de “consommateurs” ne serait-il pas plus influent que le troupeau de veaux que nous sommes ??? Créer un “groupe” au fait des organigrammes économiques qui par ses lumières nous éclairerait et nous permettrait, non pas de lutter contre, mais tout simplement de boycotter telle ou telle marque peu “vertueuse”. Faire fluctuer à la marge , là où se situe souvent le bénéfice, en n’achetant plus les produits de telle ou telle société ou au contraire en achetant massivement telle autre, n’est-il pas le meilleur moyen de retrouver le pouvoir de consommer “proprement” que nous n’aurions jamais dû perdre. Alors les Amis, dès demain chez vos crémiers réclamez avec moi tous en chœur “On veut du Millot et du Gercier! On veut du Millot et du Gercier!” Ah Ooouais! Douze degrés quand même le Pèt’Nat. Faut toujours faire gaffe avec ces productions naturelles, on a un peu tendance à éxagérer, alors qu’avec l’industrielle on reste dans le raisonnable. Je suis entrain de dire une connerie là ???

*pot à lait, pour les non-normands

Dimanche prochain chez Quedubon.

L’ami Gilles Bénard et son équipe ont eu la gentillesse, après que nous les ayons harcelés dans un premier temps, menacés dans un deuxième, de nous inviter à participer au Salon Vivent Les Vins Libres qui se tiendra dimanche prochain à partir de 10h au 22 Rue du Plateau – Paris XIX – Tel 01 42 38 18 65 – Métro : Buttes Chaumont, Pyrénées, Jourdain. Vivent Les Vins Libres chez QuedubonNon seulement, les inconditionnels pourront faire dédicacer leurs reliques pinardières, dont les célébrissimes Mimi, Fifi et Glouglou I et II ainsi que les EXxxxcellentes 30 Nuances de Gros Rouge,  toutes éditées par la fabuleuse maison d’édition L’Epure, la celle qu’à pas peur des grosses, mais en plus et pour la première fois dans la capitale et certainement l’unique vus les résultats de nos analyses,  vous pourrez claquer tout votre bel argent sur le stand Glougueule qui aura pour l’occasion réquisitionné un nombreux personnel entièrement dédié à la vente de ticheurtes, polos, débardeurs. Vous pourrez aussi acquérir pour une somme négligeable, proche du dérisoire,  l’ensemble des cinq affiches dont la toute récente de Zoé Thouron qu’elle l’a faite avec ses jolis petits doigts de Lorraine. L’entièreté des bénéfices sera consacrée à la recherche d’un institut médico-illégal qui accepterait de nous accompagner sur le bout de chemin qui nous reste tout en nous servant des coups à boire qui se tiennent. Donc, n’hésitez plus, vous ferez une bonne action. À dimanche !

Les noms des gens qui vous remplirons le verre.

Une pensée charitable.

En revenant du fond du jardin où je suis allé, au péril de ma vie, cueillir sur l’arbre quelques poignées de cerises, j’ai soudainement eu à votre attention une pensée chrétienne. La petite brise fraiche du matin, le soleil encore sage, l’univers sonore occupé par le chant des merles, la perspective de cette journée identique à la précédente, toute faite de repos et de pensées philosophiques plus profondes les unes que les autres, sincèrement,  pourquoi tant d’injustice me suis-je dit? Alors pour vous apporter un peu de douceur, remerciez ma fiancée insulaire,  je m’en vais vous donner la recette de ce qui a été mon petit bonheur du goûter de la veille. Prenez 100gr de farine de châtaigne que vous tamisez puis ajoutez 100gr de farine de blé, mélangez, ajoutez 125gr de beurre que vous aurez fait fondre, malaxez en y incorporant 50gr de sucre, une pincée de sel, deux passages de cannelle, un de gingembre et un soupçon de noix de muscade.

Tarte aux cerises de mon Groupe à moi.

Tarte aux cerises de mon Groupe à moi.

Laissez reposer un bon 1/4 d’heure au congélateur ou une heure au réfrigérateur. Allumez le four à 180°, puis faites 6 parts que vous allez tabasser et transformer en 6 galettes rondes de 15cm de diamètre posées sur un feuille de papier de cuisson. Au centre de chacune d’elle vous disposez 7 cerises avec leurs noyaux, vous rabattez la pâte grossièrement tout autour en essayant si possible de lui conserver un côté étanche. Saupoudrez de sucre et au four 30mn à 180°. Surveillez, préférez une cuisson excessive à la limite du carbonisé. Vous aurez, bien sûr, eu la sagesse de prévoir 2 tartes par personne. Question liquide, le choix est vaste, de la Guigne de l’ami Cazottes, pour les purs et durs, en passant par un Cerdon ou le délicieux “Pète la soif” du gang Thévenet et pourquoi pas un cidre. Enfin, je crois que vous saurez vous laisser guider par vos papilles. Vraiment je vieillis, voilà que la carte météo du jour me porte à la compassion, la pitié, c’est misère, je me décrépis de l’intérieur, me laisse envahir par des sentiments bien peu épiciers. Je programme sans le savoir mon prochain cauchemar, ma vision ultime, une pancarte immense “SPAR t’accuse!” en lettres de feu.

Le Very Nice Petit Salon est termined.

Eh bien voilà, les Amis, c’est fini, il m’aura quand même fallu un mois pour rédiger cet article indigent, tellement l’évènement m’a fatigué, lessivé. Et encore je dois reconnaitre que Laurent Cazottes a largement participé à la bonne marche de ce salon. D’ailleurs je vous adresse ce petit mot de Corse où je tente lentement de me remettre de tous ces efforts démesurés. Ce fut donc une très belle journée qui s’est terminée fort tard pour certains et raisonnablement pour la plupart aux alentours de 2h du matin. L’écho rapporté par les vignerons était unanime, ce fut vraiment un Very Nice Petit Salon. Plus d’une centaine de visiteurs tous pro avec la venue de bon nombre de sommeliers et restaurateurs des Alpes-Maritimes et du Var, certains venant même de bien au delà, de fort fort loin, de Marseille, c’est vous dire la portée. Tout avait commencé le dimanche soir par une soirée de pré-chauffage chez Christophe Dufau Les Bacchanales à Vence qui nous a chamboulé les papilles avec quelques plats renversants, limite démoniaques.  A Nice, chez Mr.Caramel, tout était fin prêt à 11h pour accueillir les visiteurs. Jacques Ferrandez et Michel Tolmer verre dans la main gauche et crayon dans la droite dédicacèrent leurs BD un peu, burent et boivèrent beaucoup. Pour ma part je n’en signais qu’un seul seul mais quel exemplaire! A Emilie Pelletier qui avait quitté son Grand Huit parisien tout spécialement. Zoé Thouron remporta un très joli succès suite à l’accrochage de ses dessins originaux. Mimi, l’égérie de Glougueule, nous fit admirer ses dernières sculptures et Christophe Lorenzoni, créateur de 225litres, ses meubles recyclés. Le succès est aussi dû à l’aide que nous ont apporté les élèves-sommeliers et leur professeur Jean-François Reviron du Lycée Escoffier de Cagnes sur Mer.

Un Gramenon ? deux grammes oui !

Tout en Bulles – Substance – Marguerite – Carco – Mémé – DilettanteOncle Léon – Isidore – Vin d’Autan. Les quilles défilent rapidement sur un fond bucolique en plan large – Richard Wagner et ses vierges guerrières occupent tout l’espace sonore – Léger travelling arrière – ralenti sur un magnum de Mémé 2000.

La stabilité verticale de l’image n’est pas exempte de reproche, mais bon, on se doute de la provenance amateur de la source.

Cela repart : Ultime – Comeyre – Pète la Soif – Vin de Méditation – Cornaline – Les Laquets – Côte du Py.

Une sélection drastique pour un casting de rêve.

Une sélection drastique pour un casting de rêve.

Ça sent le long métrage – la machine s’emballe – la netteté en pâtit – l’arrière-plan quitte le bleu azuréen pour basculer sur un vert gazon – Apparition dans le champ, juste en haut d’un arc de cercle qui vient masquer l’image et se déforme pour envahir le cadre – Obturation totale sur un noir intense et silencieux – quelques secondes sans émission – les Walkyries se sont tues – et cet avertissement : « Suite à un arrêt momentané d’une catégorie de notre personnel, je ne peux assurer correctement la continuité de mon émission. Je vous prions de excuser moi ». Arrivent en arrière-plan sonore les tambours de la Marche des Eclopés – retour sur un écran figé, un écran d’un rouge lumineux et gourmand, gourmand comme un beau jus de grenache bouillonnant, une promesse d’ivresse.

Cet air entêtant de Gainsbourg que Jacques a siffloté et chantonné toute la matinée aurait dû nous alerter « …et bang ! On embrasse les platanes…Et à gauche, à droite… Et à gauche, à droite. » Mais là ça a fait « Et à gauche, à droite, droite, droite… »

Heureusement intervention rapide de l'antenne locale de Pochetrons Sans Frontières.

Heureusement intervention rapide de l’antenne locale de Pochetrons Sans Frontières.

Laurent aussi l’a senti, dès le départ, il m’a dit « P… ! L’Grofé, il envoie ! » Nous avions à peine eu le temps de caler nos fesses dans les deux voitures suiveuses que l’ami avait déjà pris le large debout sur sa moto de trial. Censé nous ouvrir la voie et évaluer les risques de rencontres inopportunes, il devait être le borgne guidant les aveugles vers la Terre Promise, là où dans un fil d’eau claire et fraiche se prélassent dans l’onde vive bouteilles et magnums de bière alors que nous pratiquons le noble art qu’est la pétanque, école de sagesse, de grâce, d’humilité et de fairplay.

Pas le temps de passer la quatrième que nous étions stoppés net par un attroupement en bord de route, deux voitures et une dizaine de personnes. Dans le lot, à part nos camarades de jeu, un couple d’étrangers avec leurs enfants et dépassant du troupeau, un casque de moto, visière en biais comme une virgule barrant le visage de notre Grofé, maquillé à la râpe. Laurent, cette fois dans l’analyse et le diagnostic, laissa tomber la synthèse « Poussée de rosacée intense et non circonscrite! ».

Un mouchoir en papier humecté de salive aseptique, un toucher délicat d’apprenti-boucher allié à une véritable envie de bien faire malgré une vision trouble, permit à Rénato de désincruster la plupart des graviers. Les derniers furent extraits du bout de cet ongle que d’ordinaire il réservait à des tâches tant auriculaires que nasales.

Pendant qu’il prodiguait les premiers soins, du coin de l’œil les touristes nous dévisageaient, dans le regard, une sorte d’ahurissement mêlé d’angoisse à peine voilé. Sans prononcer un mot, après que le père ait donné le signal du départ en fracturant du coude les côtes de sa femme, ils ont très rapidement quitté le terrain des opérations.

Huit types coiffés de calottes, chéchias et autres kippas formant par leurs exhalaisons fétides un nuage instable d’alcool, arrivant précipitamment sur les trousses d’un potentiel fugitif ou otage en fuite par ces temps de psychose islamique aigue peuvent facilement perturber le chaland.

Jacques, casque de guingois, sourire de “ravi” aux lèvres et yeux dans le lointain, nous expliqua se souvenir s’être inquiété, un peu tardivement il est vrai, du changement soudain de nature du revêtement de sol. Ce qu’il n’avait pas analysé visuellement avec son seul neurone disponible, via la selle, son arrière-train le lui avait transmis dans l’instant. Le système nerveux central hors service, celui-ci prit le contrôle des opérations. L’information fut déchiffrée et transmise au poste de garde le plus proche encore ouvert à cette heure-là. Application de la procédure d’urgence avec passage en mode recyclage interne, toute communication avec l’extérieur devenant dès cet instant impossible lui imposa pour le reste de la journée, le bassin en avant, une démarche étriquée, un peu pincée. Après une vingtaine de mètres passés à tenter de rééquilibrer désespérément la moto, la trajectoire étant définitivement corrompue et l’heure de la sieste aidant, D’Jack avait opté pour la solution sage en telle situation, se coucher, si possible dans cette herbe tendre, toute proche, si proche. Malheureusement avant d’atteindre son carré de gazon, il testa du museau le pouvoir abrasif du bitume, d’où ce maquillage façon betterave râpée.

Plutôt qu'un film, la photo de la partie de boules.

Plutôt qu’un film, la photo de la partie de boules.

Le temps de rapatrier la moto au chalet, de parfaire les pansements et nous repartions pour le terrain de boules. Depuis que nous nous retrouvons chaque année pour ce week-end « Talibans », jamais, je dis bien jamais, nous n’avons raté « La Partie de Boules ». Alors ce n’est pas une petite gamelle qui allait nous freiner, d’autant plus que la douleur nous était tout à fait supportable.

Nous ne jouions pas depuis plus de deux, trois litres que nous vîmes une ambulance de pompiers se garer en bordure du terrain de jeu. Bouteilles et verres étant exposés sur le banc, nous nous doutions bien qu’ils ne venaient pas nous informer des conséquences de la déshydratation chez les représentants du troisième âge, mais de quoi alors ? Une tournée de routine ? Non !

La pompière s’adressant à notre blessé lui demanda s’il était bien « L’Homme à la moto », auquel cas, elle souhaitait qu’il la rejoigne dans l’ambulance.

Dans la chute le genou droit avait aussi dégusté et apportait à sa démarche une touche nous faisant immanquablement penser à Boris Karloff dans Frankenstein, la Belle lui évitant le lynchage et par sa seule voix ramenant La Créature dans son univers. « Venez Monsieur! Venez ! Suivez-moi !» Seul manquait le crin-crin du violon piaillard en fond sonore.

Relâché après la visite de contrôle, Jacques réintégra son équipe afin d’y prendre sa part active dans la défaite. La dame du feu m’appela discrètement afin de me communiquer le diagnostic. Rien à signaler d’alarmant mais elle me conseilla de lui porter attention car les propos qu’il avait tenus étaient pour le moins étranges, à tel point qu’elle avait supposé un instant l’absence de port du casque.

Une fois dans le camion, après qu’il lui eut décliné son état-civil, il avait cherché un stylo et demandé où se trouvait l’album qu’elle souhaitait qu’il lui dédicaçât puis l’avait chaleureusement remerciée, subjugué qu’il était de rencontrer une admiratrice qui connut jusqu’à ses date et lieu de naissance. Il lui avait dit tout le plaisir qu’il avait à chaque fois de rencontrer son lectorat où que ce soit, qu’il était particulièrement touché, en l’occurrence que ce soit dans ce village, gardien de ses plus beaux souvenirs d’enfance.

Les démangeaisons de la cicatrisation, l’escagassant au plus haut point, ont poussé notre ami à se grafigner méthodiquement la couenne malgré l’interdiction que lui en a été faite, cette tâche blanche se développant au détriment de ce halage qui sied tant au bleu de ses yeux. Quotidiennement photographié sous le même angle il en résulte le projet d’un flipbook tiré à neuf exemplaires, autant que de participants, album souvenir de l’édition 2015 que bien des dermatologues souhaitant illustrer l’incidence de l’alcoolisme dans le monde des maladies de peau seraient prêts à s’arracher à prix d’or.

Arbois et nous aussi.

Inutile de vous faire l’article, vous connaissez tous notre professionnalisme et surtout notre déontologie et ses critères d’exigence outranciers. Déjà peu allergiques à la flatterie, il suffisait de peu pour s’offrir nos bonnes grâces, nous avons décidé d’ajouter la veulerie à notre palette des sentiments. C’est donc sans aucun état d’âme, alors que je n’y suis jamais allé, que je vais vous vanter les qualités de ce charmant village du Jura qu’est Arbois.

Arbois, le village préféré des Français.

Arbois, le village préféré des Français.

Édouard je ne le connais pas non plus, mais il n’en est pas de même de ses chocolats et quand on parle à mon estomac avec autant de talent, je ne peux douter que tout ce que me raconte une telle personne, ne peut qu’être vrai et surtout digne d’intérêt. Donc voilà, vous allez suivre le lien ci-dessous et vous laisser séduire par le Jura puis voter pour Arbois comme nous l’a demandé si poliment Edouard Hirsinger.

http://www.france2.fr/emissions/le-village-prefere-des-francais/arbois-region-franche-comte-bourgogne_485135

France – Brésil, les 16 et 17 Mai à Paris.

Bien avant l’annonce tant attendue de la liste ce soir par Didier Deschamps des heureux élus, Glougueule vous communique dès maintenant celle du match retour France – Brésil des 16 et 17 mai à Paris. Nos amis Brésiliens renommés pour la qualité de leur jeu ont sélectionné Lizete Vicari, Marina Dos Santos, Marco Daniele, Eduardo Zenker et Pedro Hermeto. Ce dernier ayant déjà éclaboussé de tout son talent de très chaudes fins de soirées aussi bien dans la capitale qu’en Loire. Quant aux Français, leur sélectionneur Philippe Herbert a porté son dévolu sur des valeurs sûres de notre championnat avec Pierre Overnoy comme gardien des valeurs, Pierre Breton en défense centrale, avec Pierrot ce n’est pas le joueur ET le ballon qui passent, c’est OU, à l’image de Ryan Giggs à qui il a emprunté la coupe de cheveux.

Deux jours de folie pour les amateurs de beaux jus.

Deux jours de folie pour les amateurs de beaux jus.

Autre défenseur avec Sébastien Bobinet sur le côté droit, certainement le seul choix contestable de l’entraineur, pour qui connait le frêle sportif et piètre pongiste. Espérons que pour une fois il saura hisser son niveau de jeu. Au centre pour diriger les opérations, Marcel Richaud, n’en doutons pas il saura grâce à son calme apporter toute la confiance nécessaire à ses attaquants de pointe, les deux célèbres flèches que les plus grands clubs nous envient, Jean Foillard et Philippe Valette qui retrouveront, à coup sûr, sur le terrain la complicité qui les unit dans la vie. Gageons que nous avons là une fière équipe, à ce petit bémol près évoqué plus haut. La partie se déroulera en deux temps. Tout d’abord le lundi 16 mai au Restaurant le Chateaubriand à partir de 14h et retour le lendemain 17 au Divvino à 12h. Vous pourrez suivre en temps réel ces deux rencontres sur notre site à condition d’être abonné bien sûr.

Ouane mort taïme Eugène * : Le Very Nice Petit Salon des Vignerons Glougueule

Dernière ligne droite, derniers préparatifs, les affiches sont imprimées, les dessins de Zoé sont encadrés et rangés dans deux sacs et n’attendent plus que de se pendre aux cimaises. Mimi hésite encore entre ses dernières sculptures en résine et ses “Frileuses” en bronze de quatre mètres et une tonne. Coco a sélectionné ses fauteuils, tables et chaises les plus confortables pour recevoir les séants de Jacques Ferrandez, Michel Tolmer et votre serviteur afin que notre séance de dédicaces se passe au mieux. Les Éditions de L’Épure et Rue de Sèvres ont prévu plusieurs camions de livres et l’immense foule de nos admirateurs devrait être satisfaite. Ils seront donc vingt-un vignerons à participer à notre premier Very Nice Petit Salon Glougueule ce lundi 9 mai à Nice dans les locaux du restaurant Mr Caramel, à partir de 11h.

Première édition juste avant le Festival de Cannes. Glougueule le site en avance, mais sur quoi ???

Première édition juste avant le Festival de Cannes. Glougueule le site en avance, en avance mais sur quoi ???

Ils ne seront que vingt-un car la place nous aurait manqué, nous avons dû nous limiter. Il y en a tant dont nous nous régalons de leurs vins et que nous n’avons même pas sollicités, nous espérons qu’ils ne nous en tiendrons pas rigueur. A lundi donc.

* Les culturés du bulbe auront saisi le subtil rapprochement fait, tout en nuance, avec le mythique morceau des “Flamands Roses” : “Careful with that axe, Eugène”.

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