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Les Etats d’âme du Mas Jullien 1998

Cette magnifique tranche, bien épaisse, de thon que venait de m’offrir un ami pêcheur me fît immédiatement penser à la cuvée Les Etats d’Ames 1998 du Mas Jullien. J’imaginais très bien une ratatouille compotée et réduite à souhaits que l’on aurait élaborée comme il se doit, en cuisant chaque légume séparément, allier sa palette aromatique à la puissance et au fruit de cette bouteille dont la soeur ainée m’avait laissé un souvenir marquant : ( En deux mots : Humm! Ouahh!, mais avec en plus la suavité que le temps peut apporter).

Un tour vite fait sur le marché pour acheter aubergines, tomates, poivrons et courgettes, ensuite attraper mon amoureuse et la convaincre de l’urgence de concocter cette ratatouille dont Elle SEULE détient LE secret. Laisser refroidir et attendre qu’arrive l’instant de la grande faim. Pour le thon, saisir, garder le cœur presque cru, saler et poivrer du moulin. Une carafe est prête au cas où la demoiselle aurait besoin d’oxygène. J’opère délicatement le tirebouchonnage, le vin est d’une couleur intense et au nez c’est  AAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaargh! Gasp! Diantre! Damned! P…. de B….. de M….! C’est pas possible! Il y a un bouchon. Comme dans Tex Avery, je me lézarde et tombe en mille morceaux, le coeur brisé.

J’ai bien tenté de la réanimer par un violent passage en carafe,  j’ai même rincé celle-ci au porto en espérant un électro-choc. Que nenni, rien du tout. Je suis effondré. Par bonheur notre cave renferme d’autres bouteilles susceptibles d’accomplir l’accord avec ce plat, mais je m’étais fait une joie à l’idée de boire cette ultime bouteille, là, maintenant. La déception passée, j’ai décidé que nous ferions la daube la plus meilleure de la galaxie.

Les grands vins ne meurent jamais.

Le café de la promenade

Ayant ouï par notre agent local, dont nous ne révèlerons que les initiales, PB, moult louanges sur cet établissement bucoliquement situé à l’orée de Bourgueil, GLOUGUEULE a délégué deux de ses inspecteurs les plus exigeants pour en vérifier la qualité et les avis sont unanimes : c’est de la balle!

Le Café de la Promenade offre une gamme de prestations propre à satisfaire les curistes en quête de bien-être et de remise en forme. Nous pouvons témoigner que vous y serez entourés des soins d’un personnel compétent formé aux dernières techniques de la vinothérapie, plus particulièrement à base de cabernet franc. Philippe Q, admis cet été  en urgence pour soigner une déshydratation massive et presque irréversible, nous déclare : “Le Café de la Promenade m’a sauvé la vie, putain, c’était moins une, un vrai miracle si je suis encore là!”.

Manifestement, Ludo et Sophie, les tauliers, le design à la Starck, c’est pas leur truc. Dès le jardin, on repère un semis de barriques, tables et sièges dépareillés où on a envie de se poser pour le premier vouvray de 11h30, pour n’en plus bouger qu’à la tombée de la nuit, quelques magnums plus tard. Ce serait dommage, à l’intérieur, c’est bien aussi. Ça vit comme si la machine à remonter le temps vous ramenait aux heures glorieuses de la civilisation rabelaisienne. Un petit détour par la cave en entrant pour choisir la quille qui sera immolée, au prix du producteur plus 8€ de droit de bouchon, et on s’installe pour engloutir quelques nourritures solides bien sous tous rapports. Et le producteur, il est souvent dans la salle, il a vu de la lumière en passant et pour quelques instants décidé de poser son écrasant fardeau de caberneticulteur.

Signalons par ailleurs que Ludo a des talents d’ambianceur, a t-il chopé ça en Alsace où il était précédemment, mais certains soirs, on ne sait plus si c’est l’Indre et Loire ou les Caraïbes. Bon j’arrête, on va les faire rougir, vous avez compris : le Café de la Promenade à Bourgueil, c’est bonheur!

“ARNAL m’a tuer !”

C’est ce que semble dire la pauvre bête. Alors que la justice s’acharnait sur le jardinier Mouginois, un regard plus professionnel aurait dirigé les pas des investigations de l’enquête vers la Camargue. En un lieu loin de toute civilisation on aurait pu y découvrir Armand ARNAL et sa brigade retranchés en les murs de la Chassagnette. La Camargue, souvenez-vous, c’est l’endroit où l’on peut manger du gigot de moustique et où, pour une fois, l’on aimerait que la Nature nous eût doté d’attribut ridicule afin de les empaler délicieusement. Lors des deux premières perquisitions, nulle trace, aucun indice. Ce n’est qu’à la troisième, tout récemment, que nous sommes tombés sur cette preuve accablante.

La photo parle d’elle-même : Armand ARNAL a tuer HOMARD.

http://lachassagnette.blogspirit.com/

Vendredi c’était la rentrée des glasses

Dire que la seule fois de notre vie où nous aurions pu faire se pâmer Adriana Karembeu et son mari, Jacfé et moi-même étions déguisés en mafieux pour accueillir un couple de Lorrains venus se faire lyophiliser les champignons au doux soleil de septembre sur la Riviera. Il est vrai, les pauvres, que leur contrée déjà sinistrée par l’homme, l’est aussi par Dieu et ses éléments. Enfin donc, après récupération des Baru,( car ils s’appellent Baruléa Nicole et Hervé, nos amis lorrains),  direction le Lorrain de l’étape qui dirige un des rares estaminets de Nice où il est bénéfique pour le corps et l’esprit de s’attarder à table. Solides et liquides vous y enjolivent rapidement la face.

A Nancy, ville originaire de notre couple, il nous avait été dit que le vin n’était pas une substance particulièrement prisée. Pourtant les premiers repas pris avec le mâle tendaient à nous prouver le contraire. L’homme, sous un aspect rustre de rocker primaire, avait montré quelques dispositions et même affirmé son goût pour les vins puissants du sud.  On ne pouvait pas s’attendre malgré tout à ce qu’il portât un quelconque intérêt aux subtils vins de Loire, mais bon. Véritablement conquis, il s’acheta même une cave de stockage. Quand à l’élément féminin, un après-midi sous la tonnelle m’avait convaincu de ses capacités à bien se tenir à table. De la graine de championne.

Voilà pour les personnages, maintenant le sujet du jour. Après quatre semaines passées sur les routes de France à stocker les kilos superflus, il était important de reprendre l’entraînement. Retrouver les autres membres de l’équipe, cet esprit de corps, d’appartenance à une élitre. Sans aller jusqu’à réapprendre la gamme, se ressourcer au contact des fondamentaux. Franck Caramel, notre entraîneur, avait concocté tout spécialement pour nous un programme de reprise :  monter en puissance, écouter les corps et leurs réponses aux différentes sollicitations,” Le travail d’abord la performance vient naturellement” voilà son credo.

En exclusivité “GLOUGUEULE” vous livre ce programme de vendredi dernier tiré du petit carnet secret qui ne quitte jamais Monsieur Caramel : Les Béguines de Jérôme Prévost (3 ans de cave après livraison) merveille de finesse et de fraîcheur. Toute consommation de blanc lui étant interdite par la faculté, Hervé a plongé son nez dans le cabernet franc de Pithon-Paillé, nous l’avons rejoint sur la cuvée de chenin du même duo. Ces deux bouteilles étaient présentées sous les étiquettes dessinées par François Boucq, ami de Momo et Cra-cra, célèbres clowns du Nord pour qui elles ont été élaborées.

Somptueux “Chaillots” 2000 de Thierry Allemand, à boire maintenant et sans modération. “Mémé” 2006 des amis Michèle Aubéry et son fils Maxime Laurent, que dire d’autre que “chez Gramenon tout est bon !” surtout entre autres particulièrement “La Mémé”. Ensuite,  instant détente, moment préféré des enfants : l’instant gamay. (rappelons que gamay vient du verbe anglais “to game” qui veut dire “jouer” que l’on retrouve dans l’expression bien connue dans la sphère bistrologique “gamay au verre”, qui donne par glissement et contraction “game over”, les flippers étant souvent installés à côté des tables, les pratiquants en ont rapidement adopté l’usage. Je vous livre cette information sous couvert d’être démenti par Alain Rey).

Guy Breton, dit “P’tit Max” fut à l’honneur avec ses 2009 : Morgon Vieilles Vignes et Chiroubles en magnum, puis nous sommes allés faire un tour chez Marcel Lapierre avec sa prestigieuse cuvée où le millésime est indiqué en chiffres romains, pour nous c’était “MMV”.

Une petite soif et ce fut le délicieux Tavel d’Eric Pfifferling, qui, par rapport à ses confrères n’a de rosé que le nom. Déroutant la première fois tant les arômes que l’on y trouve sont inhabituels.

Cela faisait à peine 9 heures que nous étions à table que 2 énormes côtes de boeuf vinrent atterrir dans nos assiettes suivies DU vin pour lequel je conçois aisément que l’on puise se damner : “Les Goillottes” du Domaine Prieuré-Roch. Par chance, il s’agissait d’un grand mâle de 2001. Son litre et demi de subtilité acheva de nous émouvoir. La fraîcheur de la mer parvenait sur nos frêles épaules, demain serait un autre jour.

Conclusion : Les examens ayant été réussis, nous pouvons désormais envisager sereinement le transfert du couple Baruléa. Madame se concentrera sur les blancs, monsieur marquera les rouges. L’hiver peut bien pointer son nez, nous saurons enchainer les matchs, les uns après les autres et comme dit “Coach Caramel” : “Beaucoup de volonté, de l’entraînement et le succès finira bien par arriver, enfin je crois…………!”

Merci Coach!

A signaler pour la fin du mois, la sortie aux Editions Futuropolis du prochain album de Baru : “fais sonner les basses, Bruno !”  En achetant cet album vous lui permettrez de boire mieux et plus longtemps.

Ça pagaie dans l’épilogue.

Les informations recueillies à Patrimonio ont nécessité plusieurs semaines de traitement. Tout a été pointé, répertorié, disséqué, analysé, vérifié. Eh bien, malgré toute la rigueur que nous avons pu apporter à cette expédition, il est une découverte que nous avons faite et qui a failli disparaitre à tout jamais dans l’insondable maelström de l’ignorance latente.
Au cours de notre campagne de pêche dans le golfe de St Florent nous avons bien noté avoir pris 2 dentis, 1 murène, 1 mérou (ces deux derniers ayant été remis à l’eau) mais nous avons oublié que sur la plage du ” Lodo ” nous avons, grâce à la technique de “traine au magnum”, attrapé une raie de taille hors norme qui faisait pas loin du quintal et que nous avons eu le plus grand mal à hisser à bord. Heureusement le cliché ci-dessous nous a permis de nous remémorer cette prise magnifique, corriger notre erreur et établir un rapport qui sera publié dès la rentrée de septembre dans “Point de vue et Images de l’Immonde”

La croisière se murge. Embarquement sur l’épilogue.

Il était l’heure de LA dégustation dans LA cave. Il faut le savoir : comme il y a une échelle de RICHTER pour les choses qui bougent, il existe une échelle d’ARENA pour les choses qui coulent dans les verres.

Premier degré, l’entrée de gamme, “L’Américaine”. Boite de coca à la main en machouillant un chouine-gomme. L’heureux participant pourra voir sa durée de visite divisée par cinq, voire dix selon.  C’est gros lot s’il est chanceux et qu’ Antoine est dans un jour grizzly.

Deuxième degré, “La Routarde”. A la question “Que désirez-vous goûter?”, répondre laconiquement : “Le blanc !” ou “Le muscat !” Si l’on vous propose d’étendre la dégustation aux autres vins, ne vous laissez pas influencer, refusez  d’un “Non merci, je n’ai pas le temps !” Vous pourrez au choix parfaire votre phrase d’un “Pour le rouge, on a amené des cubis de Valfruité du continent” ou tout autre compliment pour les Corses, habilement déguisé.

S’ensuivent quelques autres modèles à options croissant dans le luxe.

Et au sommet de la pyramide il y a “Ze Dégust'”. Celle-ci ne peut avoir lieu qu’au terme d’un marathon de 3 jours avec des conditions climatiques favorables. Vous vivez vos dernières heures sur l’île, l’expédition à Carcoland a été couronnée de succès, les échantillons collectés sont tous compilés dans un excellent état sur le ticheurte de Mimi, la dernière séance s’annonce grandiose. L’agent du FBI a fourbi son matériel, les Américains vont enfin pouvoir apprendre à faire du vin qui se boit. Antoine s’arme d’un seau et d’une pipette, derrière lui se trouvent cinq partenaires d’une drimetime prête à en découdre.

2009 : tournée générale des cuves inox sur les blancs puis les rouges et même le muscat. Tout doit y passer, aucune ne doit en réchapper. Un importateur d’Antoine se glisse dans le peloton à mi-parcours, il ne devra son salut qu’au fameux : “Ma femme m’attend dans la voiture en plein soleil !” Et alors! En voilà une belle affaire. Vous ne connaissez pas la “Solarobonbonification”?

Au terme de ce premier tour de chauffe nous vérifions le bien fondé de nos analyses en goûtant les mêmes cuvées mais cette fois sur 2008 en bouteille. Miracle de la science, ou bien confirmation de nos talents de dégustateurs, les résultats se croisent et se valident. Du coup, Antoine, voyant qu’il a vraiment affaire à des pointures de haut vol, nous annonce que nous allons terminer par le Saint des Saints. Des petites barriques où dorment depuis des années des microcuvées qui ne verront jamais le jour. Un muscat 2005, un assemblage de 3/4 nielluciu, 1/4 vermentinu qui a existé sous le nom de cuvée “Mémoriam”, un pur vermentinu 98 laissé en barrique un an au soleil et cette cuvée 2007 de vieilles vignes de 80 ans en magnum destinée  aux vendangeurs. Nous partirons avec le reste de ce magnum que nous finirons sur le bateau accompagné de charcuterie de chez Mancini, et pour finir un brocciu afin de se rincer les dents.

Comme à chaque fois avec les ARENA, la séparation a été difficile, ces 3 jours passés en leur compagnie auront marqué les esprits et ajouté une nouvelle couche d’amitié. Nous avons profité de la longue période d’attente sur le port de Bastia pour tagger en lettres gigantesques “Liberta per tutt’i vini !” et sur la voiture neuve de Jacfé “Forza Arena !”

Toutes les images de ce reportage ont été réalisées avec un appareil CANON, ça va sans dire.

La croisière se murge – Part 3

Le lendemain, nous avons bravé un fort libecciu* pour  tester cette fois le comportement du vermentinu en altitude. L’expédition comprenait deux 4X4 Ford, plusieurs magnums dont certains étrangers à la Corse et un panier pique-nique incluant saucisson, coppa et lonzu locaux et un foie gras afin de parer à toute éventualité. Outre  Antoine et Antoine-Marie** Arena, Emeline nous accompagnait en sa qualité de guide de haute-montagne (Elle a gardé pendant plusieurs mois le refuge de la Quincave à Montparnasse).

L’ascension fut l’occasion de découvrir de près les terroirs qui nous font rêver, Morta Maïo, Grotte di Sole exposé au sud, Carco exposé à l’est, et enfin le couronnement avec l’arrivée tout là-haut, sous la falaise calcaire qui en été protège les vignes des rayonnements solaires meurtriers, mais parfois craque en laissant de gros blocs dévaler la pente : les Hauts de Carco!

Tandis que les sherpas déballent le matériel scientifique, Antoine nous explique que cette parcelle tout en haut de la pente assure paradoxalement une meilleure alimentation hydrique à la plante. Illico nous vérifions cette heureuse vertu désoiffante du lieu en siphonnant un magnum, délicieusement frais malgré sa température de service proche de celle d’un rouge. Monsieur Tonio prend un malin plaisir à servir ses blancs en se passant de la fraîcheur flatteuse du seau à glace.

Fortement grisés par la splendeur du panorama, nous abandonnons provisoirement l’austère retenue du chercheur. L’ouverture d’un fleurie de Foillard nous entraîne à une évocation des grandes heures du Bistrot des Envierges : François Morel et Ponpon furent les premiers à faire couler sur Belleville des flots de vermentinu et de niellucio, dans des temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.

De retour au camp de base, les organismes sont marqués par l’effort. L’expérience du foie gras chaud semble avoir marqué profondément certains organismes. Une activité cérébrale soutenue associée au manque d’oxygène dû à l’altitude obligent les plus vaillants à s’offrir une intense séance de sieste. Antoine, grand maître 7ème dan, nous enseigne les rudiments de ce sport, sachant qu’il nous faudra s’entrainer sérieusement plusieurs années si nous désirons ne serait-ce qu’approcher de loin son niveau.

Ces instants de repos, de repli sur soi et même pour certains, d’introspection nous ouvriront-ils la voie de la sagesse suprême, car bien que nos intentions soient pures qu’en est-il de notre foie ? Serons-nous prêts pour l’ultime étape de notre mission ? Notre science saura-t-elle traduire en mots, au reste du monde resté tranquillement au bureau l’infinie subtilité des cépages corses ? Toutes ces grandes questions que vous vous posez et qui, face aux autres énigmes de l’Histoire, restent de tout premier ordre, l’Equipe GLOUGUEULE vous en donnera les clefs dans le dernier volet de notre aventure intitulé étrangement “Epilogue”.

* Vent méditerranéen soufflant du sud-ouest, c’est la dernière fois qu’on vous explique.

** La tradition corse voulant que le prénom de l’enfant soit composé des deux prénoms des parents me fait craindre le pire pour la génération suivante. Il ne sera pas forcément aisé de crier le prénom de l’élu pour qu’il vienne déguster à la cave avec son grand-père.

La croisière se murge – Part 2

Comme vous avez pu le voir dans l’épisode précédent le dégustateur, même confirmé, est facilement influencé par son environnement. Voilà pourquoi, dans un souci de rigueur scientifique, nous avons décidé d’organiser une deuxième dégustation loin de toute source de pollution. Grâce à Antoine-Marie, que nous ne remercierons jamais assez, nous avons traversé  le golfe de San Fiurenzu (impossible de savoir comment ça se dit en français) pour aller mouiller sur une petite plage tranquille. Nous avons pu ainsi nous concentrer sur les arômes d’un magnum de Grotte di Sole 2008 sans qu’aucune odeur parasite (pas même celle de nos vêtements, ah ben oui, il faut savoir ce qu’on veut!) ne vienne altérer la pureté du vin. En avant-première nous vous révélons que le rapport scientifique de l’expédition, déjà réclamé par “Science” et “Nature”, établit qu’à l’unanimité nous avons préconisé un carpaccio de saint-jacques comme accompagnement idéal de cette bouteille.

Hélas, une cruelle désillusion nous attendait, puisqu’au retour de cette dégustation, nous n’avons trouvé au bout des lignes qu’Antoine-Marie avait tendues le matin que deux dentis* entre 4 et 5 kilos. Nous avons dû en urgence revoir nos plans pour le repas du soir et nous contenter de ces deux petits poissons pour accompagner de trop nombreux flacons.

Notons qu’il est fort regrettable qu’un certain “jf” ait cru bon de s’amuser à titiller la première ligne de quelques brèves saccades, rappelant en cela le côté compulsif de certains adolescents, et permis ainsi à un énorme spécimen de 7k250 de se décrocher à quelques mètres de la surface.

Enfin, en période de crise, nous avons su réagir et nous remobiliser malgré cette immense déception. 9kg de poisson, de tendres pommes de terre nouvelles enroulées dans de la joue de porc et une soupe de fraises du jardin accompagnées de menthe fraiche et d’un filet de jus de citron autochtone. Les 2 dentis n’ayant pas choisi leur destin, alors que le second avait opté pour le four, le premier fut l’objet de toutes les attentions de la part de Mimi qui lui fit subir sa spécialité : “Le carpaccio du Sculpteur”. Cette recette qu’il nous dit avoir découverte dans un incunable** du XVème siècle se pratique à mains nues, ce qui, d’après lui, évite de stresser la chair du poisson au contact du métal. La finesse des tranches, la présence persistante d’écailles et d’arêtes restent un problème secondaire, toujours d’après lui.

Effectivement, et nous tenons ici à nous en excuser publiquement, l’Egérie de la nouvelle campagne de Jean-Paul Gauthier avait raison : “Si vous immergez une quantité X de cette délicieuse mixture dans 2 volumes à proportions égales de vermentinu et de bianco gentile durant toute une nuit, il n’en restera aucune trace au petit matin. Voici qui ne laisse pas de nous surprendre.

“La nature par le biais de la science nous révèle parfois d’étranges vérités.” Mais notre quête de la vraie nature du Vermentinu ne s’arrête pas là…

*poisson méditerranéen de la famille des dorades. Le roi des poissons pour les Corses.
** Contrairement à ce que pourrait laisser penser ce mot, il n’a rien à voir avec cet autre de la langue française qui voudrait indiquer par là même le peu de désir que suggérerait une personne du sexe opposé.

 

La croisière se murge – Part 1

De la terrasse des Arena, on ne voit que ça : comme le goulot d’une bouteille qui s’avance dans le maquis. Un truc de fou, comme dirait Jean-Baptiste, un truc de malade. Conquis à coups de pioche et de pelleteuse en 2005 sur le calcaire de Patrimonio, les Hauts de Carco, un hectare planté en vermentinu et bianco gentile, a donné son premier millésime en 2008. C’est pour boire ce vin en ayant cette parcelle sous les yeux que GLOUGUEULE a missionné début juin un voyage d’étude en Corse comprenant une équipe scientifique de haut vol : outre les 2 cerveaux de GLOUGUEULE, nous nous sommes adjoint un spécialiste des affaires maritimes, Mimi, neveu honni du Cdt COUSTEAU, (chacun reprochant à l’autre la nature de l’élément liquide dans lequel il passait le plus clair de son temps) et le grand globe-roteur méditerranéen Jacques Ferrandez, accompagné de son frère Pascal manifestement téléguidé par le FBI (il habite les States, porte en permanence d’épaisses lunettes fumées, tente de cacher dans les recoins les plus intimes un micro espion datant, vu sa taille, du temps de la guerre froide). Un commando de 5 hommes unis et soudés, une version post-moderno-glougueulesque d’Agence Tous Risques.

Pas de round d’observation : arrivés à l’heure du thé, nous sommes accueillis par Antoine et Marie sur cette fameuse terrasse qui sera jusqu’à la nuit une scène où défilent à tour de rôles clients, amis, journalistes et les petites mains qui, tôt le matin, vont ébourgeonner. (Non! Non! pas de commentaires!) En fait de darjeeling, nous avons droit à une dégustation des 3 grandes cuvées de blanc du domaine : Carco, Hauts de Carco et Grotte di Sole. Antoine a oublié le crachoir.

En professionnels consciencieux nous décidons pour l’occasion d’appliquer le protocole dit de la “Dégustation Terminus”. Les vins étant goûtés “à l’aveugle” à plusieurs reprises, avec et sans commentaires, dans le verre de l’autre, en mangeant, sous la nuit étoilée vers 2 h du matin et surtout, vers la fin, “En dépit du bon sens”. Cette technique pointue, à la limite de la sophistication, permet grâce à son synthétisme radical de mettre en avant les qualités fondamentales des vins en posant LA question : ” Est-ce qu’après Tu Peux R’Boire ?” Eh bien! Aucun doute comme vous pourrez le constater dans le deuxième épisode de “La Croisière se murge”

La Chassagnette d’Armand Arnal

Une première rencontre au “Gibolin” de Luc DESROUSSEAUX à Arles m’avait inspiré tout de suite confiance. L’homme avait au visage un grand sourire, une jovialité qui inspirait la franche camaraderie. Le fait que j’aie réussi à lui recaser mon vieux trancheur à jambon à prix d’or n’a rien à voir avec les sentiments que je ressentais à son endroit.

La livraison de cette petite merveille fut l’occasion de découvrir son restaurant caché au beau milieu de la Camargue. Le lieu, l’accueil, la simplicité et l’efficacité du service, le menu à prix très doux du midi avec des portions qui ne servent pas à colmater les dents creuses, où les stries de balsamique au fond de l’assiette ne font pas office de trompe-l’œil,  la carte des vins qui laissait entrevoir une volonté d’aller vers des cuvées de libre expression, le grand mur de feuilles sèches, la pluie au dehors, le feu dans la grande cheminée et une excellente cuvée Jadis de la maison Barral nous donnaient comme une envie de prolonger l’instant. Restait à ne pas payer pour que l’après-midi soit parfaite. Ce qu’elle fut grâce à la générosité de ce célèbre capitaine de vaisseau qui engrange de colossaux droits d’auteur par la pratique occasionnelle de la bande dessinée. Cette difficile journée s’acheva en apothéose chez Karina et Guillaume Lefebvre du Domaine de Sulauze à Miramas qui nous régalèrent d’un délicieux repas brésilien, mais ceci sera l’occasion d’un autre épisode de nos trépidantes aventures avec de vraies cascades non doublées.

Troisième rencontre avec Armand ARNAL. Dimanche dernier, nous étions sept jeunes et fringants quinquagénaires réunis là suite à une voix qui en avait interpellé un en ces termes : ” Dimanche 6 Juin en ce jour souvenir de 1944, à la Chassagnette vous débarquerez!” J’avais bien reconnu le chevrotement de la voix et dans nos familles quand le Général parlait on se taisait et on faisait qu’est-ce qu’y disait. Concentrés, à la limite du recueillement, nous nous sommes promenés avant d’investir les lieux dans l’immense potager, et comme nous l’avait demandé le Grand Charles, nous avons débarqué à 12h30 exactement. A l’apéro Mimi qui, en dehors de jouer les jouvencelles dans les défilés de mode, est surtout un homme de mer, nous fit rapidement remarquer que la cuvée “Le Briseau” de CHAUSSARD et GAUBICHER revenait toutes les trois bouteilles, ce qui, d’après sa grande expérience, présageait un tsunami. Une grosse pluie nous fit effectivement quitter la terrasse et nous obligea à nous replier à l’intérieur. Mais nous ne sommes pas hommes à reculer devant l’adversité et pour bien montrer notre détermination au Maitre des Éléments nous avons opté pour un menu dégustation à rallonge. Ce qui s’ensuivit reste du stricte domaine privé et, à l’image de notre grande équipe de France, nous ne voulons pas dévoiler nos schémas tactiques. Sachez seulement que nous fumâmes un excellent “Ramon Allones” en terrasse en attendant l’heure déchirante de la séparation.

L’Art comptant pour un, j’en reprendrais bien un peu.

C’est connu, la vie d’artiste n’est pas facile tous les jours et celui qui embrasse cette voie aujourd’hui se prépare à affronter incrédulité parfois, misère souvent, faim et soif toujours. Ce que supportera aisément le Parisien par la nature même de son climat, le Niçois ne pourra le subir sans dommages irrémédiables pour sa santé. L’artiste, s’il veut survivre à l’écrasante chaleur estivale, doit prévoir un  poste liquide représentant une part importante de son budget. Voilà où en était Cédric TEISSEIRE de ses réflexions au printemps 2007. Son père, bouquiniste furtif et escroc notoire lui ayant inculqué les bases de la survie en milieu hostile, Cédric eut l’idée lumineuse de concevoir une œuvre qui allierait passion et nécessité. En partenariat avec l’association marseillaise “Astérides”  il lança le judicieux projet “Soif d’absolu”.

Après avoir étudié le caractère et défini la chronologie d’ouverture de douze millésimes d’une même cuvée, sur douze feuilles de 70cm x 100cm, imprimez une trame régulière de cercles d’un noir profond de 38mm de diamètre, cernez les de l’empreinte du col d’un verre préalablement trempé dans une coupelle remplie du précieux liquide. Répétez l’opération autant de fois que vous avez de bouteilles.

(Vous devrez vous tempérer et boire lentement et de manière posée les 73 cl que laissera chaque œuvre.)

Le contact avec Michèle AUBERY du Domaine Gramenon fut le premier et le seul car il fut le bon. Séduite par le projet, Michèle offrit douze bouteilles de Mémé, de la mythique 1990 à 2001.

Eh Ouais ! Eh Ouais ! Eh Ouais !

Cela ne vous fait pas penser à la parabole ?

Heureux les simples d’esprit car le royaume des cieux leur est ouvert.

J’en connais qui, pour assister à une telle dégustation, seraient prêts à faire des folies. Douze Mémé, incroyable. Heureusement nous étions quelques amis présents lors de la performance pour le conseiller et surtout lui recommander quels millésimes privilégier et le quelque rare, tel 1990, qu’il pourrait survoler sans s’y arrêter outre mesure.

PS : il reste à la vente quelques exemplaires de cette œuvre rare.

Cédric TEISSEIRE

www.lastation.org

89 Route de Turin
06300 Nice
04 93 56 99 57

Les deux rondelles sont de retour *

Avec le printemps reviennent les hirondelles. Au premier coup d’œil les experts d’entre vous auront reconnu, chez nos deux spécimens, un magnifique couple d’origine africaine(les européennes sont plus menues et surtout inaptes au transport de lourdes charges).  Le poids, l’envergure, le plumage rayé du mâle, les lunettes fumées de la femelle qui masque ainsi les traces des nombreux assauts subis à la sortie de l’hiver et surtout la taille de la noix de coco, de la demi-coque devrai-je dire, sont des signes qui ne trompent pas. Dans l’immensité du port de La Napoule, tels les manchots empereurs sur la banquise, elles reconnaissent leur nid à l’odeur. Seule  Galinette, leur gourbi flottant, développe des vapeurs de gasoil et d’huile savamment combinées que l’on pourrait définir de persistantes. La femelle n’ayant pas toujours l’humeur à la gaudriole, il devra la jouer fine. Afin de la séduire tous les subterfuges sont bons, mais le mâle de cette variété utilise ce que les ornithologues appellent la technique du leurre. Le principe en est simple. Afin de parvenir à ses fins le mâle se doit d’offrir à la femelle un présent d’une telle beauté qu’il la fera tomber en pâmoison, lui  laissant ainsi le temps de la besogner sauvagement avant qu’elle ne se rende compte de la duperie. Dans le cas présent nul besoin de se compliquer la tâche, le chemin le plus court pour parvenir au cœur de la jouvencelle passe par l’estomac. Une tranche de jambon, un bout de pain et surtout une ou deux belles bouteilles. La donzelle ne se laisse plus culbuter facilement pour un verre de Valfruité ou de Margnat Villages, madame exige en ce moment de l’Ultime 2005 mais se laissera, néanmoins basculer sur le côté pour un joli blanc frais de Loire ou un mauzac nature du gaillacois. Pour le grand jeu prévoyez de la Mémé dans un beau millésime. Si par hasard il vous restait par devers vous une bouteille de cette merveille de 1990 je suis sûr que vous pourriez lui suggérer d’inviter sa sœur.

* Rappelons qu’il faut trois couples pour valider l’arrivée du printemps. Ce qui doit faire approximativement six individus.

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