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Louis la Brocante.

Hier, soleil printanier, brocante de particuliers au village. Accroche-torchon auvergnat genre XIXe en métal forgé, jeux de vieux verrous et deux magnifiques stylographes hors d’état de nuire, plus un cadenas. Dix euros cinquante centimes le tout. Je suis ravi de ces nouveaux trésors. Alors que je m’apprêtais à expertiser une vieille bouteille de riesling bien exposée en plein cagnard,  mon ami Louis, Villeneuvois brocanteur à la retraite me tape sur l’épaule.

“Oh! Philippe toujours dans le vin ?..Eh bien puisque tu aimes toujours ça je m’en vais te raconter une histoire qui m’est arrivée…. Il y a une vingtaine d’années je faisais une adresse à Vence. Toute une cave à la brouette tant la ruelle était étroite. J’avais presque fini quand, dans l’escalier, je remarque un rideau. Je le tire et il y avait là tout un tas de bouteilles. Moi à l’époque ce qui me plaisait c’était le pastis-whisky-cognac.

La veuve me dit : “Vous savez ça ce sont des bouteilles que mon gendre, qui était marchand de vins, il les offrait à mon mari. Et mon mari, Oh Diou!  il est mort depuis bien longtemps, alors!….Mais ça ne fait pas partie du lot, alors!……” “Combien vous en voulez?”….”Je ne sais pas moi,…..1000F… ça irait?”

A l’époque j’avais toujours au moins une brique sur moi. Je lui sors les billets et je rentre à la maison. J’étais complètement cuit, les allers et retours en brouette m’avaient ruiné le dos. Je me suis installé sur la terrasse avec mon camembert et le bout de pain que j’avais acheté en route. J’ai pris une bouteille de rouge au hasard et je me la suis sifflée tout seul.

Et je trouvais ce vin fantastique, vraiment bon, j’ai tout bu. Et tu sais ce que c’était ce vin?”…..“C’était une Romanée Conti. Je ne savais pas ce que ça valait, c’est un collègue venu la semaine suivante qui s’intéressait au vin qui m’a dit que c’était une grande bouteille qui valait cher.

Quand il m’a demandé si je l’avais gardée, j’ai cru que c’était pour faire un pied de lampe. Ce serait maintenant je la vendrais, mais là je ne le savais pas!  D’ailleurs lui il m’a pris trois bouteilles, il m’avait filé 3000 balles. Je me souviens qu’une des trois c’était un Chateau Yquem.

Les autres, j’en ai bu quelques unes et  j’en ai donné à mon fils qui est à Lourmarin. Il m’a dit qu’il s’était régalé…….. Ce que c’était? J’en sais rien mais tu sais la Romanée Conti j’en ai encore le goût dans la bouche.

Tout compte fait, c’était mieux que je ne sache pas ce qu’elle valait, j’en ai eu d’autant plus de plaisir!”

ARENA : pour des tenues de bain au plus près du corps

La première fois que j’en ai goûté, c’était au siècle dernier. Un ami avait rapporté de ses vacances corses quelques spécialités. Marc avait allongé sur le grill une dorade royale pour une séance de psychanalyse toute personnelle. Dès que la peau se détache, vous vérifiez la cuisson en piquant avec la pointe du couteau pour atteindre l’arête. En fonction de : c’est cuit ou pas. En attendant la parfaite cuisson, vous vous nappez le fond de l’estomac avec le vermentino des Vieilles Vignes 1995 du Domaine ARENA.

En Corse la qualité de l’artisanat est telle que tout s’ingurgite et se digère avec beaucoup d’aisance, à part peut-être le plomb. Mon ami, voyant que les deux bouteilles n’y suffiraient pas rien que pour la cuisson, eut l’idée de nous faire patienter avec le muscat de la même année. Bon le changement de climat est violent, certes, mais le marin sait s’adapter aux conditions qu’impose la nature. C’était comme un coup de sirocco juste derrière un hivernal mistral.

Kopin riait benoitement déjà quand la dorade cessa de faire sa sainte Blandine pas cuite. La raison pouvait en partie venir du muscat et de la première bouteille de vieilles vignes, mais pas seulement. Toujours est-il que la Blandine juste habillée d’un filet d’huile d’olives et de quelques herbes, accompagnée du vermentino de chez ARENA Antoine, c’était divin.

Marc amena pour finir un fiadone et une bouteille de vendange retardée (y faut pas dire tardive je crois, seuls les Alsaciens ont le droit. Alors que vraiment, s’il y a une région en France où naturellement tout se fait de manière légèrement “décalée” pour ne pas dire tardive, c’est bien la Corse. On leur reproche suffisamment leur nonchalance, pour une fois que cela devient une qualité, on la leur refuse).

Juste derrière il aurait fallu un beau cigare mais malheureusement à l’époque, nous n’avions pas encore ce défaut. Chaque chose en son temps. Aux personnes qui pourraient nous le reprocher je dis : ” Souvenons-nous que le but n’est pas de mourir en bonne santé !” En tout cas je reste redevable à l’ami Marc DEMOUGEOT d’une belle rencontre gustative qui allait en partie (voir l’article sur M.T. COSTA) déclencher ma tardive vocation. (là tardive je peux dire?)

COSTA, pour une croisière immobile.

En ce temps là, Jésus dit à ses apôtres :

“Prenez et buvez, c’est du gamay!”

Alors que j’errais seul en proie au doute* dans le désert de l’incommensurable ignorance : “Bois-je bien Seigneur? L’humble brebis, qui t’implore de l’éclairer, ne s’est-elle point fourvoyée en recherchant aveuglément les étiquettes du CAC40? Parle Seigneur,  je saurai t’écouter et suivre tes commandements!” Et l’Elu de répondre : ” Marie-Thérèse guidera tes pas sur les chemins de la connaissance qui mène à la félicité en passant par plénitude, ivresse et gamma GT !” “Mais Seigneur où la trouverai-je ? comment t’est-ce que je la reconnaitrai-je ?” “Bon écoute bonhomme t’es gentil mais tu ne veux pas non plus que je boive le coup à ta place ?”  Voilà, en gros, comment Dieu me parla en cette année 1992 :

Il me mit sur la voie par l’intermédiaire du fabricant local de vin :  “Hé ! Toi qui t’intéresse au pinard, à Valbonne y’a une gonzesse qu’a ouvert un bar à vin, tu devrais y aller boire!”  Ce qui fut fait à la première occasion. Marité COSTA, car tel est son nom, évangélisait les peuplades locales dans un petit bar à vins en contre-bas d’une rue du vieux Valbonne. Casse-croûte, charcute et coups de rouge. Durant deux ans, épisodiquement, j’allais me faire reformater le disque à “La Fontaine aux Vins”. En 1994 elle mouva son petit corps quelques rues plus loin, plus grand, mieux placé avec un bout de cuisine. Je devins plus attentif et commençais à comprendre que décidément ce n’était pas pareil.

La révélation vint un midi de 1996. Attablés en terrasse avec mon inséparable Jacfé et un troisième larron, nous profitions d’un joli soleil de printemps quand La Madone de Villié-Morgon nous dit : “Si vous voulez je vous fais goûter un Beaujolais!” Unanimes, à la limite de la condescendance, les trois crétins répondirent : “Heu! Ecoute Marité t’es sympa mais le beaujolais très peu pour nous!” “Non mais là vous devriez au moins y tremper les lèvres, c’est vraiment bon, faites-moi confiance!”  ” Ooomaillegode ! Itize pas possible comme c’est bon !”

Sincèrement je garde en mémoire un sentiment intense de plaisir. En bouche c’était à la fois puissant et gourmand avec une légère sensation de résiduel, un côté grosses cerises surmûries, un rond parfait, pas d’angle d’attaque possible. Comme toute passion dévorante la mienne trouve son origine dans un acte révélateur, véritable pierre angulaire de ma religion. Cette bouteille de Fleurie 1995 fut fondatrice de ma foi naissante. Ne restait plus qu’à pratiquer.

“Didon Marité t’en aurais pas une autre que l’on vérifie un ou deux trucs ?” Embarquement immédiat pour une croisière COSTA avec visite du monde merveilleux du Gamay. Car la belle hôtesse avait une magnifique écurie de course, outre Yvon METRAS  (quand je dis “outre”, qu’Yvon n’y voit rien de personnel), vous pouviez y boire Guy BRETON “P’tit Max”, Georges DESCOMBES “Le Noune”, Jean FOILLARD “P’tit Jean”, Marcel LAPIERRE, Jean-Paul THEVENET “Polpo”. Vous comprendrez aisément pourquoi le gamay représente à lui seul un bon quart de ma cave avec quantité de magnums. C’est pourquoi je ne dirai jamais assez : “Merci Marité !”

A la même époque, 1994, je faisais la connaissance d’Antoine et Marie ARENA, mais là c’est une autre histoire.

*j’ai failli le faire et puis non. Ah! ce fameux doute qui toujours m’étreint.

Je kiffe Lorraine !

Il y a des endroits où tu n’envisagerais d’aller que sous la contrainte, à aucun moment ne te viendrait l’idée saugrenue de t’y rendre pour le plaisir. Exemple : l’Est de la France. En gros pour les météorologues de TF1 cela se situe en haut à droite sous les nuages et la pluie. Tu prends la Normandie avec son ciel bas, son crachin et tu remplaces le vert par le gris, tu relis le dernier courrier que t’a adressé ton grand Amour défunt, la bonbonne de gaz à portée de main. Tu commences à percevoir l’idée que je m’en faisais. A moins d’y être condamné, jamais je ne m’y serais rendu. Et puis il en est de la Lorraine comme des pratiques sexuelles : ne jamais dire jamais.

Il était jeune, il devait être beau, surtout son graphisme et son humour m’avaient enthousiasmé. A tel point qu’en cette année 1986 j’achetais deux exemplaires d’un de ses premiers ouvrages. En 1988 j’adhérais à “Marinella”, association qu’il fondait avec Kafka, alias Francis Kuntz, entièrement dédiée à Jean-Claude Rémoleux, acteur fétiche des premiers films de JP MOCKY. 1993 et la victoire de Jean Philippe GATIEN aux championnats du monde de tennis de table, et non de ping-pong comme disent les encombrés du bocal, l’échange de quelques bouteilles de vin contre un original paru dans l’Equipe Magazine scella les fondements de ces sentiments qui, si l’on n’y prend garde, peuvent se transformer en véritable amitié. Heureusement nous n’en étions point encore là. Il faudra avant que nos joues ne se frôlassent et que nos lèvres claquassent de concert quelques voyages privés entre grisaille et soleil, plusieurs membres avisés de sa famille ayant adopté à la lettre l’adage d’Aznavour comme quoi les diamants brillent mieux au soleil. Cette première fois je m’en souviens très bien, une fin de journée ensoleillée, le portail s’ouvre et sa silhouette imposante et svelte se détache sur l’azur, ce profil, pour ceux qui connaissent, n’est pas sans rappeler celui de Jacques FERRANDEZ, port altier du chef, taille, carrure, poids sauf peut-être le galbe du mollet qui chez le lorrain semble plus élancé. Dès lors l’histoire s’est accélérée, deux litres plus tard nous avions l’impression d’être de vieux amis, l’âge identique de nos filles, notre goût pour la modération en toutes circonstances et à table plus particulièrement, cet attrait commun pour l’humour ciselé et précieux d’un Professeur CHORON ou pour le trait délicat d’un Philippe VUILLEMIN finirent de me persuader que décidément ce LEFRED-THOURON avait bien du talent y compris celui de me trouver fréquentable. Je profitais de mon statut de secrétaire particulière de J. FERRANDEZ pour l’accompagner au Festival du Livre sur la Place, qui a lieu chaque année à Nancy, et ainsi faire la connaissance de cet essaim de dessinateurs renommés dont l’origine nancéenne n’est pas connue, sauf de leurs groupies évidemment : Diégo ARANEGA, Hervé BARU, Jochen GERNER, Rémi MALINGREY, Yan LINDINGRE et Guillaume LAB.

Ce sens inné du commerce qui m’a amené au poste de co-gérant général en chef, mon instinct d’épicier-tueur, tous les témoins en moi me l’indiquaient : Yan LINDINGRE = Bonne Affaire. Comme vingt ans plus tôt avec LEFRED, j’ai échangé de magnifiques originaux contre quelques bouteilles de vin, une ou deux photos de vigneronnes nues, même pas eu besoin d’avoir recours à la verroterie et aux images pieuses. Sur ma lancée je lui ai demandé de nous concocter notre carte de voeux 2011, idem avec LEFRED : “Dis Kopin ! Si tu nous faisais un bodessin pour konfait un boticheurte” “Et hop!” Voilà le travail. Un bout de nappe en  papier sur lequel ils renonçaient à leurs droits et vous obtenez deux magnifiques Ticheurtes qui vont faire un malheur sur les terrains de golf dès ce printemps.

Mouton-Rotschild 1982

“Hé! M’siou Philippe! Vous qui aimez le vin, y’a mon cousin qui en vend, ça vous intéresse ?

– Faut voir! Djallel! Faut voir! Qu’est-ce qu’il vend?

– Ch’sais pas, j’te les apporte demain si tu veux?”

Djallel est un des Tunisiens qui travaillent sur notre maison, nous sommes en 1989 et il fait très très chaud sur la Côte d’Azur. Le lendemain, comme promis, Djallel arrive la sueur au front et un gros carton dans les bras.

“Voilà! Philippe! Y’en a plein, tu regardes et tu me dis combien tu donnes!”

Une dizaine de bouteilles en vrac, un Bartissol, deux ou trois rosés dont les étiquettes avaient disparu, hermitage et crozes aux niveaux de misère, un rouge trois étoiles en litre. Je commençais à me dire que vraiment tout était à jeter quand tout au fond je reconnus cette étiquette aux dégradés de bistre si caractéristiques de ce 1er cru bordelais. Je bouscule un peu les autres bouteilles pour atteindre le prestigieux flacon. P…..! c’était bien ça! Chateau Mouton-Rotschild et 1982 en plus. Niveau, étiquette, capsule tout était nickel. Une quille comme je n’en avais jamais bue.

“Alors qu’est-ce t’en dis?

– Mouais, écoute Djallel, moi y en qu’une qui m’intéresse. C’est celle-là!

– Et combien t’en donnes?”

La calculette s’était mise illico sur ON : construction de la maison, achat de bois pour les mezzanines, cette bouteille elle vient d’où? Depuis combien de temps il la balade de chantier en chantier et à quelle température? S’il y a un bouchon, j’en fais quoi sinon un vin chaud et puis ce n’est pas trop le moment d’aller dépenser dans du vin.

“Ecoute! Dis à ton cousin que je lui propose 500F pour sa bouteille”

Le lendemain la réponse m’arrivait : “C’est pas assez! il a dit mon cousin.

– Eh bien dis-lui que je suis désolé mais que je ne peux pas lui en offrir plus!”

Nous en restâmes là.

La maison fut livrée et comme nous avions sympathisé, Djallel vint manger quelques fois à la maison. Il nous annonça son mariage, ainsi que celui de son cousin, qu’ils feraient le même jour afin de réduire les frais et économiser un voyage à la famille de Tunisie. Au repas suivant Djallel nous raconta par le menu l’ensemble des festivités. La joie de tous et plus particulièrement des frères et cousins venus du bled qui avaient mangé et bu “comme des sagouins” jusqu’à pas d’heure. Le logement, comment faire dormir tant de monde dans si peu de surface?. Les jeunes mariés partis la nuit même en voyage de noces avaient laissé leurs appartements aux cousins, qui rentrés au petit matin n’avaient toujours pas envie de se coucher et, malgré les volumes ingurgités, avaient toujours soif. Comme vous vous en doutez, cette nuit fut la dernière pour notre Mouton-Rotschild 82 qui fut proprement torpillé par une bande d’assoiffés qui, j’en suis sûr, n’en ont gardé aucun souvenir sinon celui insolite d’avoir découvert une bouteille de vin  enroulée dans du papier, cachée dans une boite à chaussures.

Requiescat in Pace!

La Mercos’ à Dadd’

Les tempes cendrées, le cheveu rare, un léger relâchement de la sangle abdominale, le geste à peine plus lent font souvent oublier aux jeunes que nous aussi, à notre époque, nous étions de sacrés rebelles qui se permettaient de parler à table sans y être invités, qui disaient “vachement” à tout bout de champ, rappelant à leurs parents que le temps de “bath” avait disparu avec les dinosaures de la musette. Nous avons eu les cheveux longs et gras, des jean’s moulants avec des feux de plancher, des chemises fleuries et  “Woodstock” était notre référence absolue en terme de musique…Mais passons à une époque un peu plus récente : début des années 2000.

Ce jour là Frankie avait emprunté la rutilante Mercedes de son père qui lui avait recommandé d’y faire plus qu’attention en des termes qui ne laissaient aucune équivoque. J’avais bien une poubelle ambulante, mais aurait-elle accepté de nous porter jusqu’à Ampuis, et son Salon de la Côte Rotie? L’aller fut à l’image des recommandations du père. Pas d’excès.

Comme c’était sur la route, nous avions pris rendez-vous chez Hervé et Isabelle Souhaut du Domaine Romaneaux Destezet pour y* déguster leurs vins. Fallait-il y voir un présage? Nous y retrouvâmes Cyril Bordarier et Pierre Aimé. La ferme fortifiée d’Hervé à Arlebosc, la dégustation des rouges et de son deuxième millésime de blanc, le froid hivernal, la vue superbe sur la vallée, cet énorme bloc de granit qui sert de table à l’entrée et sur lequel nous avons bu une Mémé 90 et un chenin 99 de Poirel. Emmitouflés, le corps au chaud et le nez dans le verre. On aurait du se méfier, cela démarrait trop bien.

Nous étions en janvier, période particulièrement néfaste à la gente porcine. Quelques jours auparavant, un de ses représentants s’était jeté sur la lame aiguisée d’un membre de la famille Souhaut. Embarrassés par la situation et afin d’éviter tout tracas avec la police, ils transformèrent le suicidé en boudins, saucisses et autres dérivés délectables. Il nous fut gentiment demandé de participer à la veillée funèbre. Rapidement nous avons compris que le disparu devait être très apprécié tant les bouteilles qui accompagnaient les larmes étaient nombreuses et de toutes régions.

La vérité, je ne sais plus si nous dormîmes sur place ou bien?.. Toujours est-il que nous constatâmes que nous avions avec le couple de parisiens un deuxième rendez-vous commun, à Tupins-Semons chez Jean-Michel Stéphan, à une heure quelque peu identique. Chez Jean-Michel, seule la taille est petite car pour ce qui est du reste, le bonhomme a de la ressource. Il nous fit déguster l’ensemble des barriques avant de nous emmener manger pas loin de là dans un lieu où il souhaitait nous faire déguster une large palette de Cornas. A ce stade là, j’avais déjà la jauge au maximum.

Une fois terminé le tour de France des Cornas, Jean-Michel dit : “Il y a des barriques que vous n’avez pas goûtées ! On y va !” Tous les cinq dans la Mercedes, c’était Kusturica en vallée du Rhône, manquaient que quelques unités du sexe opposé et encore. Ce n’était pas vraiment le but de l’excursion et puis surtout on voulait une bonne ambiance, alors…. Les deux kilomètres qui nous séparaient du restaurant parcourus, Frankie mit au point mort et laissa la Mercedes grimper la petite pente sur son élan pour aller se garer tout près d’un poteau en ciment.

A peine immobilisés,  les portières s’ouvrirent, ne laissant malheureusement à Frankie pas suffisamment de temps pour consulter le manuel d’utilisation et y trouver dans la rubrique “frein de parking” que le frein à main se situe à côté de la pédale d’embrayage et non entre les deux sièges comme il essayait de l’y trouver.

Il est remarquable de constater comme le bruit d’une portière qui se retourne au contact d’un poteau en béton armé a la faculté de dégriser dans l’instant tous les membres d’une assemblée de joyeux camarades. Les éthylomètres perso furent remis à zéro. Pas une vanne, pas un jeu de mots, rien. Normal aussi quand on voit 130kg d’amitié très, très énervée, cette réaction d’éviter les mots inutiles. Notre ami sortit lentement, fit le tour, constata les dégâts, essaya de refermer la portière, d’abord doucement puis en force. Face à l’échec, il se recula d’à peine un mètre et soudainement mit un violent coup de pompe qui laissa son empreinte dans le métal mais eut le mérite d’obstruer la béance.

Un rouleau de bon vieux scotch marron à large bande et deux mètres de corde plus tard, la réparation faisait illusion. “Dadd'” n’y verrait que du feu. Pendant cinq minutes les pensées furent au recueillement puis Jean-Michel lança : ” Bon on y goûte ?” On y goûta et y goûtûmes, je me souviens très bien que Monsieur Stéphan père faisait de délicieux jus d’abricot et qu’il y avait quelque part dans la cave une ou deux barriques d’eau de feu qu’ils y goûturent, qu’à une heure que nous définirons comme avancée, Frankie et moi fîmes une certaine distance pour trouver un lieu où mettre nos petits corps dans une position horizontale plus appropriée à notre état.

Je vins en aide à mon ami quand le digicode de l’hôtel voulut jouer avec lui à “Questions pour un pochetron”. Vers midi, après avoir décollé nos yeux à l’eau chaude, nous avons pu nous rendre compte, à la trainée marronnasse qui courait de leur voiture à l’entrée du bâtiment, que Cyril et Pierre étaient rentrés eux aussi.

Quelques coups de fil pour contacter le carrossier qui accepterait de prendre la voiture dès notre retour et prévenir Dadd que le séjour se prolongerait quelque peu, ne nous restait plus que 500 kms à faire, dans un blizzard permanent. Voilà comment nous n’atteignîmes jamais Ampuis et comment Frankie s’est soulagé d’une poignée de billets qui l’encombrait.

A y bien réfléchir, je me demande si la présence des Parisiens n’y était pas pour quelque chose car depuis il n’est plus rien arrivé à la voiture. Détail anodin, mais peut-être qu’aussi le fait de ne pas l’avoir réempruntée y est pour beaucoup.

* Avez-vous remarqué comme moi cette tendance naturelle à rajouter des “y” dans toutes les phrases à l’approche de la région lyonnaise ? On y fait sans le vouloir.

Les vins d’Yeu ***

Quand début août, au moment de charger les bagages pour l’île d’Yeu, ma fiancée m’a demandé “pourquoi tant de bouteilles?”, pour une fois la réponse était vraie et la cause noble. “C’est pour le travail que je dois faire avec monsieur TOLMER, oui tu sais, cet être frêle à l’image du roseau, ce roseau que l’on plante en terrain humide afin de l’assécher en profondeur, hé bien nous avons décidé de nous lancer dans la vidéo”. GLOUGUEULE se doit d’être à l’avant-garde. Nos milliers d’abonnés ne nous pardonneraient pas de rater le train de l’Histoire ou de ne s’y s’asseoir que sur un strapontin en seconde. ” Angèle de ma vie, Amore mio, ma tou sé cé choses! No?”

Effectivement Michel et moi avions décidé qu’avec un peu d’imagination et beaucoup de volonté nous pouvions acquérir ce magnétisme d’outre-Atlantique qui fascine tant certain dessinateur de BD, le décolleté en moins. Mais nous opterions pour une version plus proche de nous, plus mâle, un juste milieu entre  OLIF, notre ami jurassien et Mademoiselle FILION, notre cousine québequoise, en gros une Aurélia barbue et couperosée à point.

Pas facile de nous départager sur la couperose, je l’ai emporté d’une courte tête. Restait plus qu’à trouver le metteur en scène, cameraman, preneur de son, chef opérateur. Parmi la foule qu’il était, sautant sur place et me criant “Moi! moi! moi!” Michel fut retenu. “Fastoche! Tu vas voir!”. Nous avons installé un climat chaleureux propice à laisser galoper nos imaginations : une prise = un verre, la bonne équation. La vidéo qui suit vous permettra de constater l’efficacité de notre méthode. Concision du propos et clarté d’élocution ont été nos maitres-mots.


Avec ce premier opus nous espérons sincèrement avoir élevé le débat et apporté cette lumière tellement nécessaire aux débutants en quête de repères pour les accompagner dans leurs premiers pas vers un alcoolisme maitrisé et totalement débridé. Voilà !

*** Rappelons pour nos lecteurs qui auraient moins de trois ans, qu’est sorti en 2007 un ouvrage référence, édité par les Editions Ellebore, portant ce titre, pour lequel les critiques furent plus qu’élogieuses. N’en citons qu’une, celle du Petit Ligérien Libéré qui par la bouche de Bernard PONTONNIER s’exprimait en ces termes : “Ce livre est étonnant ! Vraiment étonnant !”

Que dire de plus ?

Nouvelles révélations de WIKIL’HIC

Des révélations dont les ondes de choc n’ont pas fini de faire tinter les Spiegelaus sont parvenues aux services spéciaux de GLOUGUEULE. Ils impliqueraient deux personnalités au parcours troubles. Notre indicateur, qui a bien évidemment voulu garder l’anonymat et fait depuis l’objet d’une protection policière, nous a confessé les faits suivants :

“Mimi dont vous connaissez partiellement la trajectoire fulgurante, tout à la fois mannequin vedette, sculpteur-buveur, pré-bougnetteur de ticheurtes, capitaine au long cours emmanché d’un long gosier et Pompon, porteur d’un joli morceau de l’histoire bistrotière parisienne, architecte-décorateur, interprète-référence du répertoire de Boby Lapointe, encyclopédiste du design, vinificateur en pays saumurois. Ces deux êtres aux vertus de malfrats se sont associés dans une entreprise d’un nouveau genre. Intuition, ruse, psychologie, résistance, méticulosité, patience : qualités des grands chasseurs de fauves au service d’une nouvelle discipline.

Quand récemment ces deux amis m’ont invité à les suivre dans une cave réputée du Bd Haussman et m’ont demandé de photographier de mythiques bouteilles dans un ordre bien précis avec mon portable, je me suis interrogé mais n’ai pas posé de questions, habitué que je suis par mon  ami corse A.A. à n’en pas poser. Puis ils m’ont expliqué que le soir même je resterai chez moi et exécuterai leurs ordres, via le mobile.

Reconstitution de la soirée.

21h : sonnerie, Mimi, ton enjoué : “Alors les mous du genou, on se retrouve en petit comité pour déguster des fonds de caves inondées?”

Deux tons plus bas : “Envoie la première!”

puis : “Ouais mais ça c’est de la gnognotte à côté de ce que Philippe nous a sorti!”

Envoi de la première photo : Substance d’Anselme SELOSSE, dégorgement 2004.

21h22 : cette fois Pompon : “Vous nous faites rire avec votre mousseux de premier communiant, nous Philippe il a envoyé Anselme, mais 98 et en magnum, alors……….!, …envoie la deuxième”.

Ultime d’Yvon METRAS 2003.

22h04 : “Décidément vous êtes toujours un gland en dessous, nous, Philippe, y mégote pas : Ultime oui! mais 99 et toujours en magnum, alors vous pouvez toujours retourner jouer dans votre cours les morveux!……….la suivante dans dix minutes !”

Afin de ne pas vous ennuyer avec  ce récit  je vais abréger et vous dire que j’ai transmis plus d’une dizaine de photos de bouteilles toutes plus désirables les unes que les autres avec leurs jolies capsules congés, avec entre autres un jéroboam de Clos Goillottes 2001 de Prieuré-Roch qui m’a tiré une larme. Dans l’énumération que les deux compères ont bien voulu me faire par la suite surnage dans ma mémoire, outre les premières citées : Poulsard 97 et Vin Jaune 89 de chez Pierre OVERNOY, Mémé de Gramenon 90, Rayas 89, Clos de Bèze 90, et puis d’autres dont je préfère oublier les noms.

03h06 dernier coup de fil : “B’alors les fafioles on f’est calmé, on cause plus?…. Hé Phli’p!.Ph’lip !…. Y disent que ta cave f’est pas mal mais qu’il serait temps d’envoyer du lourd ! P…..! Philippe t’vas pas t’laicher infulter par des demi-sels… Hé Phlip!… T’aurais-pas un petit JAYER qui pinote sans frime ?…. Aaah! Tu vois Pompon ch’tavais dit qu’y devait y en avoir!”

Fin de communication.

Renseignements pris le lendemain, la nuit s’est arrêtée vers 4h37. Ce fameux Philippe, homme fort charmant au demeurant à qui j’envoie toute mon amitié et qui sait où me joindre si besoin, outre une légère gueule de bois a eu la franche sensation de s’être laissé emporter bien au-delà de ses prévisions. Après vérification, il a bien constaté que Mimi et Pompon étaient des invités de rang 2, potentiellement 3 mais en aucun cas 6 comme ils s’avéraient avoir été traités. Il a bien senti passer le vent de l’arnaque sans toutefois en avoir recueilli les indices.”

Suite à un incident indépendant de notre volonté, Didier BENUREAU nous sauve la mise.

En vérité, GLOUGUEULE vient de signer un des plus gros transferts de ces dix dernières années. Nous avons recruté Le Poète de la Champagne, le Barde qui chuchote à l’oreille des barriques de Pinot meunier, celui que tous ses fans historiques appellent “Pépin le Bref”. Tout s’était parfaitement déroulé, il avait passé la visite médicale, signé son contrat pro, et c’est au cours de sa présentation à la presse, revêtu de son maillot GLOUGUEULE fraîchement imprimé du numéro 10, celui des meneurs de jeu, que le drame s’est produit.

Alors qu’il tendait son bras au bout duquel se trouvait un verre, il ressentit une violente douleur au coude, réminiscence d’un ancien accident de comptoir. Evacué en urgence afin de subir les premiers examens, nous avons fait appel à Didier BENUREAU, dont nous admirons tant l’oeuvre et la parfaititude du corps qui, par amitié pour GLOUGUEULE, a bien voulu nous interpréter ce sketch en hommage à Jérôme PREVOST car, et vous l’aviez tous deviné, notre recrue n’est autre que le célèbrissime Jérôme qui nous a affirmé, dans un longue conversation téléphonique, que ses futures chroniques sur GLOUGUEULE allaient faire mal, très très mal, qu’il allait sortir des affaires dont personne n’osait parler, que dorénavant les dossiers enterrés allaient ressurgir : Les pots de vins africains, Les rétro-commissions sur les ventes de Beaujolais Nouveau au Japon, Les contrefaçons de Préfontaines, Kiravi et autre Villageoise que l’on retrouve dans les rayons des caves les plus branchées de la Capitale.

Gageons que la venue de Jérôme dans notre équipe apportera un souffle nouveau et bénéfique et au moins quelques millésimes anciens de son excellent champagne et comme disait Sylvie AUGEREAU : “Je me demande si nous l’aimerions autant s’il ne faisait pas aussi bon ?”

“Ca?”

Salut, Piston!

Nos innombrables lecteurs le savent, GLOUGUEULE a toujours respecté une déontologie rigoureuse, un code moral  janséniste, voire mormon (obédience vieilles vignes). Inutile de le rappeler, notre code éthylique parle pour nous, chez nous, seule la reconnaissance par le travail importe; pas de passe, encore moins de droite.  C’est pourquoi je peux, sans qu’aucune honte vienne ceindre mon front d’airain, vous recommander l’exceptionnelle exposition TOLMER qui se tiendra à compter du vendredi 26 novembre à 18h à Paris sur les murs du Bistrot Paul Bert.

Comment vous parler de Michel TOLMER sans bousculer ce petit corps qui renferme tant de modestie? Son immense carrière a débuté au siècle dernier et ce nom brille au firmament de la peintitude française en ce XXIème naissant : TOLMER dont le nom n’est autre que la contraction de : éTOiLe de MER,  ses yeux le poussant naturellement à regarder ses pieds plutôt que la voie lactée. Sa dernière tentative d’admirer les astres au petit matin d’un troisième vendredi de novembre l’ayant conduit tout droit aux urgences.

Mais TOLMER, c’est aussi l’anagramme de MERLOT, d’où son attirance irrésistible pour le bordeaux, et surtout de MORTEL. Moi, humble esclave, je remercie les Dieux de l’avoir doté d’une santé de fer, car je sens qu’il me faudra le moment venu l’accompagner dans l’eau de là si je veux ne pas lui avoir consacré mon existence en vin.

Et comme nous le déclare Vanessa, 15 ans, du collège Florent Pagny à Vittefet-sur-Legase : “Les peintures de Michel, c’est juste mortel!”

Du côté de la recherche fondamentale : la Pochetronmobile

Avoir un comportement citoyen,  l’écologie attitude, participer à la sauvegarde de notre planète en adoptant systématiquement la solution appropriée, peu de gens font cet effort. Nous avons parmi nos amis deux chercheurs dont l’unique préoccupation est la découverte et le développement d’énergies nouvelles : Rénato Bellamusicatchitchi et Guillaume Maquébellapittura.

Ils ont récemment mis au point un véhicule hybride à double propulsion : solaire et vinique. Le principe restant toujours le même : changement du mode de propulsion avant que celui choisi ne défaille. Quelle meilleure illustration que la photo ci-dessous. Alors que Rénato Bellamusicatchitchi dirige le véhicule à l’aide de son “bâton de joie” (joystick littéralement) Guillaume sentant la présence toute prochaine d’une masse nuageuse redonne un coup d’accélérateur à grandes lampées de rouge. Vous noterez que la sécurité reste une préoccupation majeure de nos amis avec l’installation à l’arrière du véhicule d’un filet de protection, très utile en cas d’ouverture de magnums à bulles ou à forte teneur en résiduel. A l’avant l’écran constitué de bouteilles vides devient un excellent filtre UV. Ce véhicule qui n’en est encore qu’à ses tous premiers essais laisse entrevoir d’immenses possibilités pour le futur mode de transport des générations à venir. Marcher ne servant plus à rien, apprenons à boire à nos enfants, ils auront ainsi une longueur d’avance sur les buveurs d’eau.

Gageons que leur savoir faire et leur opiniâtreté les mèneront sur le chemin sinon de la patrie reconnaissante qui se trouve tout proche de celui de la gloire mais au moins sur celui du succès mérité.

Compartiment Pochetron

Il arrive parfois qu’en certains lieux l’on ne se sente pas à l’aise, pas à sa place, décalé. C’est à cet effet que Cyril BORDARIER du Verre Volé vient de créer un nouvel espace dans son établissement,  entièrement dédié aux buveurs. Au fond et en contre-bas de quelques marches, l’endroit semble anodin. Quelques tables et chaises, une banquette, une affiche au mur sont les seuls objets. Un coté zen pour une boivitude épurée.

Comme me le disait Yves COPPENS  : “Il est remarquable de constater que 17000 ans plus tard, Cyril ait reproduit le strict schéma de Lascaux. Ce lieu au fond de la grotte, “le diverticule des félins” où l’on a retrouvé des graffitis et de nombreuses traces de repas et de boissons à base de céréales fermentées, était contrairement à tout ce que l’on a avancé jusqu’ici, un lieu réservé aux chasseurs qui s’y rassemblaient le lundi après leurs durs week-ends passés à la chasse.”

Téméraire serait le novice qui s’y aventurerait sans un minimum de biscuit. La pièce aux dimensions irrégulières et l’escalier, unique issue, en forme de goulet désorienteront le bobo égaré, contrairement au buveur aguerri qui grâce à son ordinateur de bord habitué à recalculer en permanence les trajectoires réajuste aussi les volumes.

Ce “compartiment pochetron” nous nous y sommes installés lundi dernier. Après quelques amuse-bouche en salle d’attente, nous avons pris le 14h30 sur invitation de Benoit du Jeu de Quilles. Etaient déjà installés une bonne demi-douzaine de voyageurs qui se préchauffaient au Bourgogne Grand Ordinaire de Nicolas VAUTHIER. Juste le temps de dire au revoir à quelques amis du Chateaubriand et du Baratin venus sur le quai nous faire un dernier signe de la main, le train de la soif s’ébranlait. Première bûche : Fleurie 2009 en magnum de l’Yvon METRAS. Une approche du langage universel, tous ces gens en résonnance avec le gamay parlaient la même langue, ponctuée de claquements sur le palais à la manière inuit.

Deuxième bûche : Mémé 2000 en magnum itou. Depuis une quinzaine d’années que je pratique le domaine je peux avouer sans honte que des Mémés j’en ai séduites quelques unes, mais celle-ci fait vraiment partie des plus affriolantes. Du fruit, un nez de grenache exubérant, de la persistance en bouche : une pure gourmandise. Avec de telles bouteilles on atteint rapidement le pays des derviches buveurs. Une douce langueur vous étreint (de marchandises)***, vous essayez de prolonger l’instant, mais on vous annonce que suite à un arrêt de travail d’une certaine catégorie de personnel, le train n’ira pas jusqu’au terme du voyage, que les impératifs horaires vous contraignent de quitter vos camarades de jeux pour rejoindre comme vous le pourrez vos pénates azuréennes. Alors dépité, le coeur en berne vous les embrassez chaleureusement en vous promettant bien lors de la prochaine remontée dans la capitale d’aller regoûter leur cuisine et vérifier l’état sanitaire de leurs caves. Les voyages ne forment pas que la jeunesse, ils apaisent aussi les plus tous jeunes des angoisses à venir.

*** : je tiens à préciser que ce gag m’a été offert par Michel TOLMER.

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