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Joël Teisseire, faut pas s’en priver.

La veille de la représentation, la caissière m’avait bien prévenu : “Prévoyez de rester un peu plus longtemps! Là, cet après-midi, il est parti à Caillan, il répète avec son cousin!” Rénato et moi étions pile-poil à l’heure pour la séance de 10h30 et nous avions bien fait car la salle n’est pas bien grande, au maximum une demi-douzaine de spectateurs peuvent s’installer confortablement, plus vous priverait du plaisir de déambuler et suivre l’artiste sur le lieu de sa performance. Une chaise en bois dans un coin, la place handicapé, afin de répondre aux normes européennes. Une scène de 2m sur 4 juste séparée des spectateurs par un comptoir, à droite la caisse et au fond la porte de la chambre froide où attendent ses partenaires, l’entrée des lards tristes.

A notre arrivée la pièce venait de commencer, Joël Teisseire dialoguait avec un petit homme aux abdominaux aussi détendus que les bretelles de son marcel qui avait été blanc. Le sujet de ce 1er acte était, me semble-t-il, “De l’intérêt de planter 50 plutôt que 70 pieds de tomates pour faire du coulis”. Cette entrée en matière nous a permis de tout de suite mesurer l’envergure du personnage “Teisseire”. La belle soixantaine, grand, portant lunettes et sourire permanent, Monsieur Joël est de l’ancienne école, apprendre le métier sur le tas, vivre la situation, la méthode Actor’s Studio.

Acte 2 : Le bisteck de Mamie. D’où il ressort qu’il ne faut pas essayer d’en compter à Mamie, que si elle veut un bisteck pour elle et sa fille, qui ne mange pas de viande, il ne faut pas tenter de lui limiter le morceau à 250gr.

Acte 3, c’est là que nous entrons en scène. L’homme, fin psychologue, nous regarde et dit “C’est vous les andouillettes?” J’ai peu de texte mais encore faut-il que je le dise correctement : “Oui! Nous avons téléphoné hier pour réserver!” Son large sourire me disait “Hé! Je vois bien qui tu es!” Nous sommes comme qui dirait de la même confrérie, lui d’obédience “boucherie”, moi “épicerie”. S’ensuit la narration imagée de son parcours professionnel, Rouen en 68 puis le retour au pays et la boucherie de la Rue de la Rouguière à Montauroux. La difficulté de maintenir l’activité face aux hypers. L’installation dans la plaine de grandes surfaces qui présentent le double avantage d’aider les petits commerçants à prendre leur retraite anticipée et améliorer le niveau architectural du village, le style bardage métallique néo-provençal est d’un raffinement achevé. On ne remercie jamais assez les élus des communes qui favorisent l’implantation de ces entreprises philanthropiques, créatrices d’emplois sous qualifiés, payés au lance-pierre et qui laissent à nos enfants cet héritage de monuments qui sauront affronter l’éternité, tels les pyramides. N’oubliez pas de les remercier la prochaine fois que vous vous retrouverez dans l’isoloir.

Mais au fait pourquoi étions nous là? Eh bien je vais de ce pas vous le narrer par le menu. (c’est drôle comme j’aime ce mot : menu) Voilà, il y a quelque temps, au cours d’un repas où nous parlions exceptionnellement de produits qui transitent par l’estomac, Ponpon nous lâche “Alors pour ce qui est de l’andouillette, Julien Besson qui bosse Au Baratin m’en a fait gouter une tirée à la ficelle, faite de tripes de porc et pour le petit plus : un morceau de couenne. Parmi les meilleures que j’aie jamais mangées !” Dans la foulée je torturais Julien pour qu’il m’avoue la provenance. Dans un premier râle il me crache le morceau “Aargh! Tu en trouveras à la Boucherie Teisseire à Montauroux. Aargh!” Suffisait de demander. Voilà comment on fait cent kilomètres pour acheter une dizaine d’andouillettes. Dix kilomètres par andouillette, ça c’est du bilan carbone. P….! J’ai la forme, je me sens capable d’achever la planète à moi tout seul.

Boucherie Teisseire  –  Rue de la Rouguière  –  83  Montauroux  –  Tél : 04 94 76 43 98

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Les jolies alcoolonies de vacances

Pour la troisième fois ma fiancée m’avait envoyé ce week-end de juin en colo à Fronsac rejoindre mes petits camarades vignerons qui se rassemblaient au Château Moulin Pey Labrie. Tous les deux ans, Bénédicte et Grégoire Hubau réunissent quelques uns de leurs amis  des six coins de la France  deux jours durant lesquels ils font déguster leurs vins aux professionnels.

Attentifs au moindre de nos souhaits, ils nous avaient organisé des ateliers récréatifs. Pour la plupart, nous avions opté pour le pass intégral qui vous permet d’accéder à chaque atelier autant de fois et quand bon vous semble. La dégustation étant l’occupation principale des lieux,  je l’avais complétée par “nocturne à l’aveugle”, version animée nuitamment par Matthieu Cosse et Nicolas Reau. Deux mètres de circonférence de renommée internationale dont j’ai suivi l’enseignement à la lettre, ils m’ont dit : “Betit sgalabée bien legalder, dourner, sendir longuement, ébuis gouder le bin lentement, lentement, gomme çà lui applendle!” Au début rien. Et puis, à la fin, de rien j’arrivais à reconnaitre pas grand chose. Signe d’une avancée certaine. L’atelier “cigare” était très suivi. Les plus grands n’avaient pas les plus gros et cela en arrangeait certains.

Mimi notre mannequin fétiche et mon cher, très cher, associé nous avaient agrémenté le paysage de sculptures monumentales et de peintures encore plus magnifiques que d’habitude, si c’est possible. Je sais nous touchons là les limites concevables du beau.

Ce furent trois jours de pur bonheur. Se retrouver dans un lieu magique avec une bande de kopins tous animés de la même passion, à boire de bons coups, manger du cochon lyonnais, fumer du havane et se raconter les dernières histoires fines. J’ai demandé à mon gérontologue de me prescrire la même ordonnance pour 2013, il m’a promis une réduction sur mon taux de gamma GT.

Que rêver de plus, sinon être réinvité dans deux ans pour la prochaine édition.

Bénédicte, Grégoire je vous en remercie d’avance.

* Ce subtil jeu de mots m’a été fort sympathiquement prêté par Michel Tolmer

La couperose est pleine.

Il peut, malheureusement, en être des amitiés comme des amours, avec le temps tout fout le camp. La confiance trahie, l’absolue, la totale est, me semble-t-il, la plus insupportable. Comme souvent c’est au détour d’un geste, d’un regard, que l’on découvre la vraie nature de l’autre. Jusqu’ici je m’étais laissé éblouir, le cœur bercé par l’insouciance de cette grande amitié née de passions communes, d’appartenance à une même communauté d’ancêtres venus du Grand Nord. Ce signe de reconnaissance, cette appartenance je la porte au visage comme autant de médailles conquises depuis mon enfance en affrontant les froids normands de la Plaine de Caen. La morsure profonde de cette rigueur hivernale a dessiné sur mes joues des cartes qui permettent aux initiés d’y lire mon parcours. Telle une cartomancienne, un chirurgien esthétique rencontré au détour d’un comptoir, m’avait reconstitué le passé et su y voir ma passion pour les Vallées du Rhône et de la Loire. Il me proposa d’effacer ces traces, de gommer ce passé, en gros de me refaire une virginité faciale, mais alors quid de tous ces polos, chemises et pulls achetés en total coordonné avec cette teinte (ref : RAL 3018). Je ne pus m’y résoudre, on ne s’affranchit pas si facilement de le rubiconde.

Un beau matin de ce mois de juillet, à l’heure où les grands fauves s’apprêtent à ne rien faire en attendant que les femelles fourbues rentrent tranquillement de la chasse, j’ai surpris celui que dorénavant je nommerai “Ze Félon” appliquer furtivement sur ses joues une substance pâteuse qui soudainement lui procura un éclat extravagant, un incroyable réseau sanguin révélant de somptueuses veinules purpurines. J’avais tout à coup sous les yeux un inuit pur jus à la silhouette fine et élancée, seule sa trousse de graisse de secours stockée au niveau de la ceinture lui donnant l’allure du parfait touriste affublé d’une banane de saindoux. Je venais de découvrir le pot au couperose, celui qui se faisait passer pour un pur viking n’est en réalité qu’un produit de la capitale qui pour se la jouer nature use d’artifices. C’est lamentable, de plus je ne suis même pas sûr que son intention première ait été d’obtenir un faciès rubicond et que la première zone sur laquelle il se la soit appliquée ait été le visage car cette préparation pharmaceutique se nomme : Rozex.

Lamentable je vous dis.

Le désaccord parfait

Tout est affaire de circonstance. Pour une journée harassante je préconise après la douche régénérante un Tout’en Bulles de Gramenon ou un Mauzac Nature de Bernard Plageoles. Après une longue balade automnale sur la plage dans la véranda face à la mer les pieds en éventail sur le radiateur un Larmandier-Bernier Vieille Vignes de Cramant 2005. En fin de soirée avec ta fiancée, Les Béguines de Jérôme Prévost que tu auras oubliées quelques années au fond de ta cave afin qu’elles te libèrent ces arômes de brioche beurrée.

Mais alors pour un divorce, n’ayant jamais pratiqué ce sport de combat rapproché si particulier appelé “mariage” je me retrouverais fort déconfit. La réponse à ce problème métaphysique m’a été apportée par Rénato qui a eu la bonne idée de divorcer récemment et pour fêter sa libération Rénato a débouché un Extra Brut d’Anselme Selosse dégorgé en 2004. A chaque gorgée un anneau de la chaine qui le marquait à l’annulaire disparaissait. A l’inverse de son mariage les années lui avaient beaucoup apporté. Espérons qu’il ne sera pas nécessaire qu’il se remarie pour fêter sa sœur.

Plastique massif

De l’observation de la nature, savoir tirer les enseignements, étudier attentivement l’ordre des choses et modestement essayer d’en extraire la substantifique moelle, voilà la voie de la sagesse. Encore faut-il ne pas s’égarer lors du choix des sujets. Sinon que dire de ceux de Barbelivien, Obispo et Lara Fabian ?

Lorsque, grâce à Laurent Cazottes, j’ai rencontré Jack-Michel Chasseuil au Pré en Bulle à Albi, on peut dire que peu de choses nous réunissaient. Ce monsieur à l’allure distinguée, cravaté, rasé de près, à l’élocution facile, co-propriétaire avec son fils de Château Feytit-Clinet à Pomerol est à peu de choses près mon contraire. Après une brillante carrière au sein de la Société Dassault, il profite de sa retraite pour assouvir sa passion de collectionneur de grandes bouteilles aux noms illustres et ce, si possible, dans des millésimes et des contenants exceptionnels. Moi, au terme d’une carrière d’épicier de quartier, je prends toujours soin d’être mal rasé de trois jours, ne possède pas de cravate, et surtout je suis co-propriétaire avec Michel Tolmer de Glougueule, c’est dire.

De sa somptueuse collection j’avais entendu parler mais jamais rien vu, pas une goutte. Je profitai de la séance de dédicaces de ce premier salon albigeois pour lui acheter son livre “100 bouteilles extraordinaires”, dans lequel il détaille les plus belles pièces de sa collection. Je me disais qu’un investissement de quarante cinq euros pouvait m’être largement bénéfique s’il m’arrivait d’être à nouveau enlevé par les furieux Niçois au 4×4 noir. “Un joli présent peut améliorer ton avenir” comme je me disais toujours.

Si par malheur tu avais l’intention de te la jouer “Viendez voir ma cave qu’elle est belle!”,  dès les premières pages Jack-Michel te calme. Des centaines de caisses aux noms prestigieux entassées dans une pièce souterraine immense avec éclairage, hygrométrie, système d’alarme et au sol un gravier immaculé. Tel “petit scarabée” de la série des années 70 “Kung Fu”  j’ai bien observé la grotte d’Ali Chasseuil et je me suis construit exactement la même.

Pour la structure j’ai récupéré une vieille chambre de congélation dont j’ai assemblé les parois comme un Meccano. Quant à l’exposition de mes grandes bouteilles, étant contre la déforestation, je me suis adapté et j’ai choisi le plastique, mais massif, le plastique, la classe en plus. Avantage majeur : 150€ les 150 casiers, accès à chaque bouteille dans la seconde et au sol une résine grise du plus bel effet.

Ind’nao, Jack-Michel, ouate dou you say?

Le Label Arena enfin reconnu par la C.E.

Dans le cadre d’une recherche permanente de la qualité optimale, Christophe Lorenzoni, créateur de mobilier, s’est adjoint les services d’Antoine et Jean-Baptiste Arena. Le confort et la finition étaient déjà reconnus de tous, mais cela ne suffisait pas. Dans ce marché mondial, Christophe a compris que seuls ceux qui pousseraient à l’extrême leur désir d’une qualité absolue s’en sortiraient, il a profité du Salon de Chateau Moulin Pey Labrie pour faire tester ses meubles par les deux vignerons de Patrimonio. Ils ont mis dans cet exercice la même exigence qu’ils mettent dans la réalisation de leurs vins.

Dès la fin du repas ils se sont installés, l’un dans le fauteuil suspendu, l’autre dans la chaise longue et ont entamé une longue séance d’étude approfondie, multipliant les positions, y compris les plus inconfortables. Alors que bien d’autres auraient trouvé un prétexte fallacieux pour abandonner cette tâche ingrate et reprendre en douce leur travail, ils n’ont pas hésité à prolonger la séance afin d’être certains des résultats qu’ils avanceraient. Anxieux, Christophe attendait le verdict de leurs analyses. Ils notèrent un ou deux détails d’éléments de confort à améliorer ou modifier, telle la recommandation d’employer un velours plus dense à la coupe plus longue pour le coussin appuie-tête afin de ne pas se blesser les joues quand on se tourne et la préconisation d’un arc de courbure de deux degrés inférieurs sur la pièce testée.

Un cahier des charges aux exigences si pointues ne pouvait rester longtemps inconnu des autorités de Bruxelles. C’est pourquoi nous avons l’immense plaisir de vous annoncer en avant-première la reconnaissance du Label Arena par les instances européennes. Dorénavant, lors de vos achats de mobilier de repos de grande qualité, vous devriez trouver apposé à côté du célèbre C.E. une seconde étiquette avec le tampon “Arena’s tested” qui vous garantira un meuble indémodable à la finition irréprochable, fait pour vous durer toute la vie.

Christophe Lorenzoni – Tél : 06 10 68 36 07

http://www.225litres.com/225_litres/Bien_le_bonjour_!.html

Mais que fait la Police ?

Décidément les rues de Nice ne sont plus sûres du tout, le maire a beau prôner le tout sécuritaire en installant des caméras partout, le compte n’y est pas. Jacfé et moi nous sommes encore faits enlever samedi dernier et ce, incroyable, par les mêmes malades.

Dans un premier temps nous avons bien essayé de leur expliquer : “Mais messieurs, vous nous avez déjà enlevés la semaine dernière. Nous avons très bien compris. Y’a pas que les vins “nature” qui soient bons. Les grands Bordeaux quand ils ont atteint leur apogée après de longues années de vieillissement sont vraiment excellents…. Oui tout à fait… Il en est de même pour les Bourgognes… Aucun problème!” Essayant de prendre l’accent corse, le petit Marseillais nous dit : “Je crois que vous n’avez pas bien compris! Vos vins, même pas vous prononcez le nom devant moi. Ils n’existent pas. Ça vous ne l’avez toujours pas assimilé. Alors on va refaire une petite séance de rattrapage….Antoine, envoie!”

Un type tout en noir au léger embonpoint, avec une cagoule brodée “Patrimonio” et dessous  “Offert par l’Office de Tourisme” nous présente les bouteilles.

Pfffuittttt ! Jamais nous ne pourrons boire tout ça. Et là cette fois je les sens énervés, pas question de discuter. Ils ont décider d’enfoncer le clou. Chateau Giscours 1989, Trottevieille 1961, Ducru-Beaucaillou 1984, Branaire 1995. “Et pour finir nous vous avons mis de côté un petit Chateau d’Yquem 1999!”

Deux heures plus tard, le 4×4 noir aux vitres aussi fumées que nous, nous déposait devant la gare de Nice. La vitre s’abaissa et le marseillais nous regardant goguenard nous dit : “Hé les gauchos, prochain enlèvement samedi, même endroit, même heure, j’ai comme l’impression que vous n’allez pas tarder à y prendre goût. Bientôt vous me supplierez pour y revenir, nous on a tout notre temps, on a l’argent!”

Kéno et son Jack pote auront-ils la volonté nécessaire pour résister à la tentation de boire des coups même s’il y a du soufre? Leur seule passion n’est-elle pas de picoler plutôt que de déguster ?

Vous aurez les réponses à ces questions dans le prochain épisode de notre saga de l’été qui s’intitule : La Saga de l’été

Pas un ami. Mon Ami.

Que ne ferait-on pour un ami? Un ami c’est sacré. Après ma famille et mon tire-bouchon c’est ce que j’ai de plus précieux. Il faut être attentionné et prévenant avec ses amis. Pour eux je prends soin tout au long de l’année de rester en permanence le nez au vent à la recherche de ce petit cadeau personnalisé qui leur ira droit au cœur et leur rappellera combien ils sont importants à mes yeux.

Michel TOLMER est mon ami. Quand hier matin il m’a transmis le SMS suivant “21h Michel BRAS” je savais que c’était pure amitié, une pensée du matin afin de me faire partager ses joies à venir. Les heures qui s’égrènent, la montée en puissance soutenue par le souvenir de moments similaires. Dans l’escalier c’est déjà le plaisir avec toutes ses promesses qui pousse ton imagination à divaguer et te titille l’hypothalamus. Afin de lui faire comprendre que tout au long de cette journée ma pensée l’accompagnerait je lui répondais “Je t’em….!” hésitant entre les bras et une production corporelle. Il me confirma son choix par un “Tu m’embrasses?” Entre Michel et moi nul besoin de longs discours, nous sommes télépathes. Sans confirmer, un “Tu m’encourages à me régaler!”me parvenait. J’étais vraiment ravi de le sentir à ce point en joie.

Afin de renforcer l’intensité jouissive de ce repas je me devais d’y ajouter une touche personnelle, ma pierre pour ce monument dédié à LA Gastronomie. J’ai le plaisir de connaitre du côté de Gaillac un couple de vignerons que je sais être très proche du cuisinier de Laguiole. “Allo Bernard  bonjour! J’aurais besoin que tu me rendes un petit service dont Michel te sera éternellement redevable. Pourrais-tu téléphoner à ton ami Michel BRAS et lui demander s’il serait possible de …” “Écoute c’est une bonne idée, j’essaie de joindre Michel et te tiens au courant!” Ce qui fut fait.

Vers 21h30 j’envoyais “Bonne appétit ???” qui n’eut d’écho que “Whaouuuuuuuuuu !” à minuit passé. Cette simple interjection me faisait soudainement comprendre que mon plan avait échoué. J’étais dépité. Comment était-ce possible? Bernard est un homme sûr, je savais qu’il ne pouvait être à l’origine de ce lamentable naufrage. Tant de plaisir et de joie mêlé en un seul mot, mais pourquoi? Alors que j’attendais tout autre chose. Pourtant Bernard avait sollicité l’aide de Sergio le sommelier, et de la réceptionniste, dont je n’ai pas retenu le prénom, qu’elle me pardonne.

LE PLAN

Si tout avait bien fonctionné. 21h précises Michel T. accompagné de sa créature de rêve Marie, se présentait à la réception du Trois Macarons. “Bonsoir! J’ai réservé une table pour deux au nom de TOLMER.” Et là NORMALEMENT la réceptionniste consultant son registre, de l’index exécutait plusieurs aller et retour en répétant “Monsieur TOLMER, Monsieur TOLMER,……TOLMER avec un T… Quand avez-vous réservé?…..” En tournant les pages par acquis de conscience, elle s’arrêtait blême et disait “Monsieur TOLMER! Mais oui, nous vous attendions jeudi dernier!” Elle appelait “Monsieur Sergio, c’est bien vous qui me disiez la semaine dernière “Quel dommage  que ce Monsieur TOLMER ne soit pas venu! Sur recommandation de M. PLAGEOLLES, Monsieur BRAS avait prévu un menu tout spécialement pour vous!… Et là, malheureusement, nous sommes complet…. Vraiment désolé!”

J’aurais tellement aimé faire ce plaisir à mon Ami Michel.

Mon Dieu, pardonnez-nous!

Nous étions tranquillement attablés en terrasse, Jacfé et moi, devant un petit magnum de Mauzac Nature des Plageolles quand trois types sortis de nulle part nous mettent un calibre sous le nez en braillant “Si vous bougez, on vous sulfate la grappe!” Yeux bandés ils nous embarquent derechef sans ménagements dans un énorme 4×4 noir aux vitres fumées. Cinq minutes plus tard nous descendons tant bien que mal un escalier pour aboutir dans une pièce au sol couvert de graviers. Là nos ravisseurs nous libèrent de nos entraves et nous redonnent la vue. Nous sommes dans une très belle cave au design moderne équipée comme il se doit pour pratiquer le noble art du “torchage de boutanches” sauf que là il y aurait plutôt erreur, il s’agirait de “Dégustation de grands crus entre gens de bonne compagnie”. Nous tentons bien de leur dire que nous n’avons rien à voir avec cet endroit et les convaincre qu’il ne peut y avoir que méprise sur les personnes.

Un des encagoulés nous hurle “Vos gueules les gauchos! Vous allez boire ce que vous allez boire, y en a marre de vos vins à la con !” Nous sommes de toute évidence en présence de dangereux intégristes prêts à tout. Ils sont chargés totale SO² et toute discussion parait inutile. Le chef, un petit au fort accent marseillais, dirigeait les opérations : “Amène, qu’on en finisse!”  Meursault 2003 de J-F Coche-Dury, Batard-Montrachet Grand Cru 2000 du Domaine Ramonet, Ruchottes-Chambertin 2002 de Christophe Roumier, Mouline 1981 de Guigal.

Les bouteilles se sont succédées à un rythme infernal, pas le temps de s’attarder, il fallait boire, toutes les boire. Même pas le temps de leur dire un mot. On était au boulot. Nous ne serions libres qu’une fois les bouteilles vides. C’était de l’abattage.

Jacfé et moi ne sommes pas hommes à nous en laisser compter par quelques bouteilles qui se trouveraient malencontreusement en travers de notre chemin, il nous est arrivé par le passé d’affronter des tempêtes de grenache dans l’avallée du rhône, agrippés à certains comptoirs nous avons supporté de violents embruns. Nos beaux visages burinés en témoignent. Mais là nous étions à découvert, aucune connaissance du terrain, déstabilisés.

Que des vins inconnus dont on a juste entendu parler. Contraints, nous avons dû nous plier à la volonté de nos tortionnaires, nous avons tout bu jusqu’à la dernière goutte. Je crains, Mon Dieu, qu’à la fin nous y ayons pris du plaisir.

Que le saint patron des vins nature veuille bien nous pardonner.

Amen!

Dans l’Ardèche, exige l’Oustric nécessaire

En avril 1961, le monde se réveille avec un cosmonaute russe tournant au dessus de sa tête et lui voue immédiatement une admiration sans borne pour tant de courage. Une fois de plus, on célébrait l’usurpateur. De tous temps, l’Histoire s’est laissée berner par les gougnafiers. Au XIXème siècle, Nadar et Edison avaient déjà spolié Tolnot et Quesmer de leur gloire en s’attribuant la paternité de leurs inventions.

En cette année de grandissime millésime, le processus se renouvelait au détriment cette fois d’Onésime Oustric. Tonnelier de formation, il avait mis son art au service de l’aéronautisme. En avait découlé une succession de prototypes qui l’amenèrent à la perfection ultime, la construction de “Mias Ouane”, achevé en 1927. De cette fantastique épopée, nous n’avons retrouvé que ce vieux cliché jauni.

C’est à chaque fois les larmes au bord des yeux et le coup de blanc au bord des lèvres que Gérald évoque l’aventure spatiale de son grand-père, auquel il rend chaque année hommage, en organisant sur son domaine ardéchois une grande fête, la “Mazel Teuf”.

Ton cormoran fou

Myriam a eu comme un coup de mou quand le facteur a déposé l’avis de recommandé sur son bureau. Dans la case expéditeur elle a vu : “Maurice et Ginette Cormoran, 56360 Belle-Ile-en-Mer”. En arrêt maladie depuis plusieurs mois, les deux volatiles faisaient valoir leurs droits à la retraite.

Fin des années 90, elle avait senti le vent tourner, avait abandonné le chalut et adopté, malgré les sarcasmes, la technique plus douce, vue en Inde, de la pêche aux cormorans. L’apprentissage avait été fastidieux. Le climat, la langue et surtout le passage du poisson aux crustacés avaient nécessité beaucoup de travail et de patience. Après deux ou trois  trachéotomies, les emplumés comprirent que dorénavant il leur faudrait éviter d’avaler les proies et se contenter de les agripper entre leurs serres.

Alors quand elle a vu débarquer devant son étal les ambulants de l’ A.V.N. et  Glougueule, “Bingo !” s’est-elle dit, “Voilà deux beaux oiseaux qui vont faire mon bonheur !”. Quelques verres de melon de Bourgogne et tout le monde descend à Muscadet-Poissonnière. Ils ne comprirent leur douleur qu’au petit matin, lorsqu’il fallut revêtir tenue de plongée et palmes pour la première sortie en mer. De toute évidence, ils avaient signé sans regarder. Eh bien, au vu du cliché que nous avons reçu, ils semblent fort bien s’en sortir et ce ne sont pas ce homard et ces deux araignées qui les démentiront.

Quand Myriam chante Renaud, c’est pas l’homme qui prend la mer, c’est tout vu.

Tatatin !

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