N’oublions Gamay !
Un ami très cher m’a fait parvenir cette photo légendée ainsi : “Assis en pleine forêt, à observer les loups, je sirote un Brouilly de chez Descombes.” Alors, soit mon ami très cher s’est abusé avec la taille du flacon, soit le Brouilly de Monsieur Descombes a des vertus hallucinogènes que la contre-étiquette ne mentionne pas. D’autres me l’auraient envoyée uniquement pour me faire bisquer dès lors qu’ils auraient su mon incapacité à jouir d’une telle situation au même moment. Citons l’immortalisation du premier pas à l’intérieur d’un établissement triple étoilé de l’Aveyron, la photo des chaleureuses embrassades de trois amis passionnés de cigares en visite à Cuba; qui m’ont prévenu la veille de ce voyage, dont je faisais initialement partie; cernant Monsieur Robaina qui, bien sûr, vient de leur rouler personnellement une vitole de première bourre, cette autre d’une bouteille mémorable dans un millésime exceptionnel avec, en arrière-plan, les trognes hilares de vagues connaissances totalement avinées qui m’invitent à venir partager leur immense joie. Des exemples comme çà je pourrais vous en lister à la pelle tant j’ai d’amis attentionnés. Mais cette fois je dis STOP! Je ne craquerai pas comme les autres fois où pour retrouver calme et envie de vivre, je suis descendu dans ma cave attraper la première bouteille qui me tombait sous la main, et comme les casiers contre lesquels on se cogne dès en entrant sont les Beaujolais, je crains d’être victime du même mirage. Alors s’il se trouve quelqu’un dans votre assemblée pour voir dans cette photo le moindre représentant du genre canis lupus, qu’il me le fasse savoir que rapidement je consultasse?
Quelle belle déroute.
Pour le tour suivant nous avons dû changer de terrain, par bonheur la faible distance entre Nice et Villeneuve-Loubet n’impliqua qu’un très faible décalage horaire. Match au couperet à élimination directe, Coach Frankie avait anticipé et convoqué deux renforts de poids. Rénato en défense centrale, certes un peu lourd et à la technique de prise de verre approximative, mais infaillible dès qu’il s’agit de vider une bouteille. On dit souvent de lui que rien ne lui fait peur, sa tache étant de ne rien laisser passer, il l’accomplit à merveille. Oncques ne vit jamais un verre ou une bouteille, qui ne soient vides, quitter le terrain hormis pour prendre la direction du container. Autre renfort de poids, Manue, transfert de dernière minute négocié avec un célèbre club parisien. Manue en attaque, c’est la classe à l’état pur, capable de transpercer n’importe quelle défense grâce à sa descente faite de contre-pieds dévastateurs à même de déstabiliser n’importe quel néophyte peu habitué à ses dribbles sensuellement chaloupés.
La nature du terrain sous la tonnelle, nous a dans un premier temps quelque peu déstabilisés, par bonheur nous avons su faire corps autour d’une V.O. de Selosse qui nous a ouvert l’appétit à la 11ème minute. 1 à 0. Encouragés par ce but opportun autant que rapide nous avons su nous maintenir dans le match en gardant notre cohésion et douze minutes plus tard Bodice 2011 de Villemade, bien démarqué, doubla la mise. Dès lors, nous avons déroulé et l’avalanche de bouteilles s’est déclenchée. Trois bouteilles en quelques minutes, incroyable! Tavel 2009 de l’Anglore, Vosne-Romanée Clos des Goillottes 1999 de Prieuré-Roch qui avait déjà marqué les esprits lors de la précédente rencontre et Morgon 2000 de Marcel Lapierre. 5 à 0 à la pause fromage, c’était au-delà de toute nos espérances. C’est Philippe Pacalet avec un Chablis 1er cru Beauroy 2004 qui nous remit sur le chemin pour sceller une victoire historique. 6 à 0. Dans les arrêts de jeu Cazottes marqua comme à son accoutumée avec sa Reine Claude dorée, qui je dois le reconnaitre fait partie de mes joueurs fétiches dès lors qu’il s’agit de terminer sur une note flamboyante. Un verre cassé par inadvertance permit à l’adversité de marquer notre unique manque d’attention. 7 à 1. Résultat mémorable. Et c’est dans la fumée des cigares et vapeurs d’alambic que nous nous achevâmes cet après-midi sportif. Et comme le dit Coach Frankie : “Le sport est indispensable à votre équilibre, s’hydrater à votre santé, mais prenez garde que par excès le premier ne prenne le pas sur le second, alors faisez gaffe. boivez!”
Hana! Nanié!… Hana! Nanié!……………….
La Coupe du Monde, j’en ai tellement rêvé que même une place en bout de table m’aurait convenu. Mais non, Coach Frankie m’a appelé pour m’annoncer la bonne nouvelle : “Fils! L’instant est d’importance. Va falloir jouer serré avec une équipe réduite alors j’ai pensé à toi comme titulaire à l’ouverture, c’est un poste difficile mais je sais qu’en cas de tempête tu as déjà su tenir la baraque”. Je jubilais.
Convocation à 12h30 pour la conférence d’avant-match, échauffement avec séance d’étirement spécifique, puis briefing avec les partenaires pour entrer fin prêt et motivé sur le terrain à 15h. J’avais parfaitement en tête la chronologie mise en place pour ce genre d’évènement et être titulaire en huitième de finale de Coupe du Monde à 62 ans, ce n’est pas à la portée de tout le monde. A tel point que la veille le sommeil fut long à venir. Comme un gosse, je passais la matinée du samedi à vérifier mon sac, que tout soit parfait et bien en place. A 12h30 précises je me présentais à la porte de chez monsieur Frankie, tire-bouchon à la main.
En grand professionnel il avait tout préparé, la pelouse était tondue de frais, la table dressée et une bouteille d’Hermitage blanc 2007 de J-L Chave nous attendait pour la conférence, puis étirement avec une Ultime 2005 d’Yvon Métras. Pour le briefing ce fut Vosne-Romanée, Clos des Goillottes 1999 du Domaine Prieuré Roch. Après le match, Coach Frankie m’a félicité pour ma prestation, à l’entendre j’avais bien tenu mon poste. Les bouchons alignés sur la table en étaient la preuve. 3-0 imparable. Pour célébrer notre victoire et l’accès au tour suivant Monsieur Franck nous a concocté une séance de décrassage spéciale avec une Mémé 2005 du Domaine Gramenon.
Le sport de haut niveau, au delà d’un certain âge, implique une hygiène de vie quotidienne absolument irréprochable, et je ne remercierai jamais assez Coach Frankie d’avoir osé me redonner une chance après le lamentable incident de 2010 où la séance d’échauffement avait été tellement poussée qu’aucun joueur n’avait pu descendre du bus. De méchantes langues en avaient tout de suite profité pour m’impliquer dans ce désastre en insinuant que les massages au chenin, que j’avais préconisés, étaient inappropriés. On reconnait bien en cela l’inexpérience de ces journalistes. S’ils avaient comme moi participé à l’édition de 1958, le discours aurait été bien différent. A l’époque, une bonne huile de massage avait pour base unique la syrah, et pas n’importe laquelle, seule celle de Cornas était reconnue pour ses vertus régénérantes. De cette époque date l’adage qui dit que le football est un sport qui se pratique à 22 mais qu’à la fin ce sont les Thierry Allemand qui gagnent.
Chacun sa trace
L’excès de confiance est un peu ce qui pourrait me caractériser, si je devais absolument me trouver un défaut.
C’est en transférant vers mon ordinateur la dernière moisson de photos que je me suis posé la question de ce que pouvait bien représenter celle-ci ? Où avait-elle été prise ? Était-ce vraiment par moi ? Après quel effort ? Dans quelle maison de retraite ? Enfin, pour tout dire, elle m’interloqua profondément. Inutile de faire appel à un spécialiste pour accéder au cœur de la mémoire vive de mon disque dur pour en extraire quoi que ce soit. Je doute en avoir jamais possédé un, et quant à sa texture, j’opterais pour la même matière que les montres de Salvador Dali.
C’est le hasard qui m’a mis sur la voie. Ce matin j’avais décidé de m’habiller léger, guilleret, couleurs printemps, cacatoès rectifieraient certains, toujours est-il que je retrouvai, juste sur la cuisse droite, là où saille chez moi ce magnifique grand couturier, muscle somptueux tout en longueur acquis grâce à la pratique au plus haut niveau départemental du tennis de table – oui, tennis de table, à ce niveau on ne parle plus de ping-pong , format plein écran, une tache d’une couleur identique, mon neurone spectromètre confirma après une brève analyse de la texture qu’il s’agissait d’un agglomérat de foie de cochon noir de la vallée de l’Esteron agrémenté d’une sauce aux cébettes et réglisse, analyse confirmée à la dégustation.
C’est l’ami Christophe Dufau des Bacchanales à Vence qui nous avait glissé ce plat surprise au beau milieu d’un repas parfait. Quand je dis parfait, cela inclut, outre la maitrise des saveurs, le volume de chaque plat. Il n’y a rien qui m’énerve plus que ces expériences gastronomiques où le trait de balsamique est là pour masquer le vide insondable qui entoure vos chétives bouchées. Deux petits slurps, puis faire attention avec le pain à ne pas rayer le fond de l’assiette, enfin priez pour trouver sur son chemin un bistrot encore ouvert où l’on accepte de vous refaire les niveaux afin d’atteindre le lendemain sans faire de malaise. Heureusement pour nous Christophe Dufau est un être généreux que nos estomacs ont en très grande estime.
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Les Bacchanales – 247 avenue de Provence – 06140 Vence
http://lesbacchanales.com/fr/
GRAMENON ! Gramenon ! gramenon !……….
Gramenon! Gramenon! Gramenon! Vous n’avez que ça à la bouche! Vous n’avez rien d’autre à boire? Il semblerait que notre passion immodérée pour les vins d’un certain domaine de Montbrison sur Lez indispose notre ami buveur d’étiquettes.
Et bien oui. Gramenon, j’aime et c’est avec un énorme paquet de plaisir, nuancé de reconnaissance non dissimulée et pas désintéressée du tout, que je rédige ce papier “Spécial Kopinage”
Trop de moments chaleureux, de soirées goulument étirées, d’instants magiques. Cette dégustation de deux “Pascal 1995” à la tombée du jour en joyeuse compagnie dans les vignes, ce repas de truffes avec des amis cuisiniers descendus de la capitale pour nous régaler, ce petit bocal de pâté maison glissé comme par mégarde dans nos bagages et dont nous nous délecterons ma fiancée et moi, sur le bord de la route, étalé généreusement sur une baguette croustillante. Bon, j’arrête là ou vous voulez que j’allonge la liste, mais alors là prévoyez un seau sous le menton.
Donc tout ça pour vous annoncer que le dimanche 8 juin à partir de 10h, Michèle Aubéry et Maxime Laurent organisent au domaine le salon : Du Vin dans les Safres, réunissant leurs amis vignerons de la Vallée du Rhône principalement. Voici le prétexte pour une promenade dominicale digestive à la campagne et en revenir avec quelques bouteilles à mettre en cave.
http://www.domaine-gramenon.fr/
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=866641523362483&set=a.849295651763737.1073741826.845713522121950&type=1&theater
Ma paire de Névromes.
Cela faisait bien longtemps que j’entendais ma fiancée me reprocher affectueusement une forte consommation et m’inviter à réserver mes dernières ardeurs. J’invoquais Glougueule, son haut-débit, de mauvaises influences, que je n’étais pas seul à boire ces bouteilles, que j’en connaissais des maigrelets, des rougeots dont la section œsophagienne laissait songeur au regard de la mienne, enfin toutes ces sortes de choses et d’autres encore plus lâches.
Afin de la rassurer j’acceptais de consulter. Les recherches de fuite chez l’urologue n’ayant abouti à rien, je relançais les dés et filais droit à la case gérontologue. Chez lui chaque visite se devait de commencer par le rapport circonstancié de mes incursions à travers le vignoble avec liste de tous les bons plans resto puis, si de la salle d’attente aucun grondement de mécontentement ne s’élevait, aucun vent de révolte ne soufflait, il s’occupait vite fait de ma petite santé. A l’évocation de ces voyages en vignes inconnues, je voyais toujours au fond de ses yeux briller une lueur d’envie et une autre d’agacement à la lecture de mes bilans sanguins, qu’il a toujours soupçonnés provenir de mon sportif de fils. « Punaise ! Comment tu fais ? Les gamma GT sont nickel. T’as une combine ?» Non, rien, aucune explication. Généralement je repartais en oubliant de lui poser les questions importantes qui m’avaient amené à le consulter.
La véritable raison n’a été entrevue que très récemment. Au lever j’avais un peu plus mal aux pieds que la veille, quand d’autres se plaignent de la tête, la sensation douloureuse d’avoir une paire de Lego incrustée. Sur cette plage de sable fin avoir la chance à chaque pas de marcher sur ces deux seuls galets, qu’ils se logent juste entre les phalanges trois et quatre et vous procurent une douce sensation de brûlure intense.
L’homme de l’art, podologue de son état, s’exprima à peu de chose près en ces termes «Monsieur, le névrome de Morgon est rare chez l’homme et plus encore à chaque pied. Et bien ne cherchez pas plus loin, la nature vous en a doté d’une belle paire. L’intervention s’impose.»
Ben tiens, voilà la belle affaire, comme si j’avais besoin de me faire inciser les pieds façon gigot d’agneau pour découvrir qu’à en boire tant je ne pouvais qu’être victime de détournements sur le trajet.
On devrait immanquablement, après un minimum d’investigation, y découvrir tapies à quelque endroit de mon parcours sanguin, équipées de matériel sophistiqué, embarqués sur des vedettes rapides, des « choses » détournant à leur profit dans des jerrycans plastiques une grande partie du gamay que je destine d’ordinaire à mes entrailles.
Ou bien alors cela laisserait la porte ouverte à une autre hypothèse qui, dans cette éventualité malgré tout fort peu probable, me destinerait à une autre spécialité de la médecine. Je n’envisage pas d’y croire.
Névrome de Morton :
Le névrome de Morton (également nommée maladie de Morton ou métatarsalgie de Morton1), est une formation pseudo-tumorale siégeant sur un trajet nerveux à la face plantaire du pied. La zone concernée est une zone d’anastomose entre les deux nerfs responsables de la sensibilité de la plante du pied : nerf plantaire médial et nerf plantaire latéral. Elle est l’une des plus vues en consultation de médecine générale, d’ostéopathie et de rhumatologie.
Thomas G. Morton décrit en 1876 « une affection douloureuse de la 4e articulation métatarsophalangienne »2 en rapport avec des filets nerveux coincés entre les têtes métatarsiennes.
Rubis my dear
Se promener sur l’étroit fil de l’honnêteté, promettre sans s’engager, vanter sans connaître, parler pour ne rien dire, tout ça mes études me l’ont appris. Comme tout un chacun, il y a sur le parcours des changements de direction possibles et j’ai eu il y a une trentaine d’années cette opportunité. J’ai choisi épicerie, politique nécessitant des qualités morales dont je n’envisageais pas de me séparer. Alors quand l’ami Tolmer m’a demandé s’il était possible que nous fassions un article pour l’ouverture du Rubis au 14 de la Rue Léopold Bellan à Paris 2 avec le 09 84 39 42 49 pour téléphone, j’ai répondu “Laisse! Ça je sais faire. Je vais nous le vendre le resto des Kopines”. Et hop! C’est parti.
Depuis quelques jours s’est donc ouvert dans le quartier Montorgueil, tenu par Géraldine et Marie, un tout beau café-restaurant dont le nom est à lui seul évocateur de scintillements beaujolois. Et certes, d’après les premiers rapports de nos enquêteurs, la carte des vins y serait du meilleur glou (Arena, Jean-François Nicq, Nicolas Vauthier…). Mais avant l’heure où les grands fauves vont boire, le Rubis a d’autres rendez-vous à proposer :
RV N° 1 : “Mamma mia !”, s’exclame les yeux mi-clos dans le soleil matinal l’heureux mortel qui vient de découvrir l’espresso de la Maison Giamaïaca. Géraldine et Marie ont fait le voyage initiatique à Vérone pour recevoir l’enseignement d’el grande Maestro del caffè Gianni Frasi. Elles en ont rapporté tous les secrets du cappucino, du lì per lì ou du latte macchiato. Mais franchement, pour le café, est-ce que tu t’aurais fié à quelqu’un d’autre qu’à un Italien ?
RV N° 2 : Après un verre de P’tit Blanc de Puzelat pour chasser la poussière, Marie envoie harengs-pommes à l’huile, asperges vertes soulignées d’un trait d’huile d’olive grecque, bavette Black Angus écossais ou veau confit fenouil-citron, avant conclusion en beauté avec la tarte au citron ou le pot au chocolat de Géraldine.
RV N° 3 : Comme tout café qui se respecte, dans un souci d’éclectisme et de tolérance, le Rubis reste ouvert aux soifs de l’après-midi, qu’elles s’étanchent avec un jus de fruits d’Alain Milliat, un thé ou une infusion de la Maison Løv ou une bière pression, ou qu’elles anticipent sur l’heure du spritz.
RV N° 4 : Le soir descend et le client aussi, un cocktail, une bulle des Jousset ou un verre de Raisins Gaulois de Lapierre accompagnés d’assiettes apéritives puisées aux meilleures origines : picodon ou saucisson d’Ardèche, coppa, jambon San Daniele ou burrata. En terrasse, les fesses bien calées dans les chaises scoubidou ou dans la douce lumière de la salle, les paroles peuvent s’échanger autant que les bouteilles, et les amis se retrouver jusqu’à créer une véritable mêlée de Rubis. Enfin, deux soirs par semaine, le jeudi et le vendredi, on remet le couvert pour des faims plus sérieuses. En fin de repas n’hésitez pas à demander poire et reine-claude de Laurent Cazottes, à la rubrique : les Rubis Gnôles.
Le Rubis, 14 rue Léopold Bellan 75002 Paris – Tel 09 84 39 42 49. Ouvert du lundi au vendredi de 9h00 à 21h30, nocturnes jeudi et vendredi.Bon ben alors qu’est-ce t’en dis? Si après ça on ne nous rince pas le nez correct lors de nos futures visites, ce sera à désespérer de tout, considérant qu’après tant de flagornerie il est évident que nous avons renoncé au Prix Albert Londres qui pourtant nous tendait désespérément les bras.